Problématique et flux d'information

Pour une société de taille moyenne, il est devenu difficile de se tenir au courant des dernières techniques, normes et recherches, faute d’un service approprié ; surtout si le domaine couvert est très actif, internationalisé et en constante mutation. La compétitivité de la société est donc en jeu.

Le projet de modélisation de la connaissance d’un domaine MKD (Modelizing Knowledge by Domain) propose de créer un accès intelligent à la connaissance. Un ensemble d’outils collaboratifs permet à des experts, des ingénieurs ou des techniciens de constituer et consulter, dans le cadre de leurs tâches ordinaires, une base de connaissances documentaires, conçue comme une aide au projet en répondant à la question « qu’y a-t-il à connaître dans ce contexte » ?

En permettant la création d’un référentiel technique complet et partagé, facilement (automatiquement) mis à jour, MKD apporte une meilleure qualité de projet du fait d’une complétude certaine. D’autres possibilités sont aussi envisageables comme par exemple, l'amélioration de la qualité des réponses aux appels d'offres.

Les deux thèmes considérés sont l’extraction de connaissances et la recherche d’informations, mais à ces problématiques classiques il faut ajouter des contraintes opérationnelles : rapidité et simplicité d’usage afin de réduire les coûts d’utilisation, transparence des techniques d’extraction employées afin de laisser aux utilisateurs la maîtrise totale des processus.

Le premier domaine d’application choisi est celui des sciences de la terre (Géotechnique et Génie Civil) et, de ce fait, l’outil doit être compatible avec les différentes approches d’un métier exposé aux aléas d’un monde ouvert et dont la dimension « artisanale », donc personnelle, reste prépondérante (Magnan, 2002).

L’approche proposée est semi formelle pour permettre aux gens du domaine de s’approprier l’outil qui reste près de leur langage usuel. Elle se traduit par une ontologie de domaine, fortement liée à une base de connaissance.

La base de connaissance de MKD est créée et alimentée par les textes du domaine (normes, articles, livres, etc.) d’où est extrait la connaissance sous une forme originale, le granule de connaissance, à l’aide d’algorithmes supervisés grâce à une interface ergonomique sur réseau.

MKD permet ainsi de maîtriser le flux abondant des documents techniques en faisant le tri des nouveautés à lire, car actuellement il est bien difficile de lire tout ce qui est publié.

Le domaine choisi étant très ouvert et éclectique, d’autres domaines peuvent être traités facilement.

La mise en concurrence des entreprises pour tout projet de construction impose à ces entreprises une veille technologique qui est souvent faite de façon incomplète, avec le risque de perdre des marchés. La normalisation du domaine en cours avec la mise en application des Eurocodes, que l’on peut considérer comme d’excellentes check-lists et garde-fous efficaces, reste peu au fait des nouveautés. Le projet MKD donne aux sociétés qui y adhèreront un atout certain sur la concurrence, du fait de l’assurance d’être conforme aux normes, (la connaissance contenue dans les normes sera intégrée) et de ne pas faire d’oubli grâce à une vision complète du domaine concerné.

Le saut technologique proposé peut être comparé à l’arrivée de la DAO dans les bureaux d’études, ce qui permettait d’affiner bien plus qu’avant les projets d’exécution, de gagner en temps, mais surtout en qualité (moins de contentieux) avec possibilités de réaction très rapide.

Pour les utilisateurs le stress de l’incomplétude disparaît avec la connaissance complète du domaine, facile à acquérir grâce à l’outil MKD, et ils peuvent consacrer plus de temps à la réflexion et à la recherche d’innovations. L’outil est une aide puissante à la conception.

Pour les documentalistes la peur d’obtenir trop de documents qui ne pourront tous être lus en réponse à une question disparaît, MKD hiérarchisela connaissance (en fonction d’un contexte défini par l’utilisateur) tout en présentant les références complètes de cette connaissance.

Le contexte économique de MKD est donc la compétitivité des entreprises (réactions plus rapides et plus complètes aux appels d’offres), socialement c’est la formation des personnes appelées sur ce projet aux techniques de maniement de la connaissance, et règlementairement c’est un outil de mise en pratique rapide des normes françaises et européennes, et sans doute une rationalisation de celles du domaine par la mise en évidence de répétitions, de variations, voire de contradictions.

Les modalités actuelles pour l’élaboration des normes européennes (CEN) comprennent de nombreuses réunions plénières, de groupes de travail (ceci pour 22 pays) avec enquêtes nationales et génèrent un flot de documents, (compte rendus, propositions, avis) important. La coordination nécessaire pour obtenirun texte plusieurs fois révisé, avant le document final, est  difficile à gérer et consommateur de temps. MKD, utilisant ses possibilités de structuration et de mise en forme de ces informations facilitera le suivi de ce flot de documents.

Un contexte administratif sous-tend aussi le projet MKD. Le transfert des connaissances entre la fonction publique d’état et la fonction publique territoriale devient une obligation et MKD permettant la création de référentiels facilitera ce transfert en permettant la révision facile de nombreuses normes et recommandations qui peinent à suivre l’évolution technologique.

L’aspect veille technologique est aussi abordé puisque l’analyse des nouveautés d’un congrès est traitée automatiquement et oriente l’utilisateur vers les articles à lire en priorité car MKD offre la possibilité de classer par niveau d’intérêt un ensemble de documents.

L’aspect novateur tient dans la simplicité et la souplesse du produit, de par son architecture. C'est une alternative aux « lourdes approches » des gros systèmes..