Coûts
Evaluation des coûts
L'estimation du coût des ouvrages souterrains est une préoccupation des maîtres d'ouvrage et des concepteurs. Son analyse se pose de manière particulière en raison :
- du rôle principal que prennent les facteurs liés à la nature du terrain et à la présence d'eau ;
- du pourcentage élevé d'aléas qui en résulte pour les estimations ;
- du niveau généralement considéré trop élevé du coût de construction des ouvrages souterrains par rapport aux autres types de construction.
L'étroite interaction entre le tunnel, le massif encaissant et les ouvrages avoisinants justifie une analyse des risques liés aux incertitudes inhérentes à la géotechnique et au comportement des ouvrages existants. Une analyse du coût identifie les risques et évalue les incidences potentielles en terme de délai et de coût.

L'objectif est donc de définir le coût final prévisionnel du tunnel, validé ou amendé à chaque étape du projet afin d'optimiser son coût réel par une bonne maîtrise des risques associés, en partenariat et à la satisfaction de tous les acteur
estimation travaux
analyse des risques
risque organisationnel
risque géologique
Répartition des coûts
On peut distinguer, dans un ouvrage souterrain, deux grandes familles de coûts :
- les coûts du génie civil (creusement, soutènement et revêtement définitif de la cavité souterraine) ;
- les coûts liés à l'utilisation de la cavité qui comprennent du génie civil de second œuvre (blindage métallique des galeries hydrauliques à forte charge, conduits de ventilation pour les tunnels routiers,…) et des équipements (éclairage, ventilation, conditionnement d'air,…).
Il ne faut pas oublier les particularités suivantes :
- les ouvrages souterrains, sauf pour les installations extérieures de chantiers et leurs accès, ne nécessitent pas d'acquisition de terrains en surface, mais seulement celle de droits de tréfonds ;
- par suite de la très grande variété des circonstances, l'estimation des coûts des accès et installations extérieures doit faire l'objet d'une étude particulière dans chaque cas ;
- dans la plupart des cas, les dépenses de génie civil sont les plus importantes. Elles peuvent même représenter le coût total de l'ouvrage. La proportion du coût des installations de ventilation et d'éclairage peut être importante dans des ouvrages d'exploitation difficile (tunnel routier de grande longueur, tunnel routier en site urbain,…).

a) Coûts des travaux de génie civil
Ils comprennent les reconnaissances préliminaires et le génie civil proprement dit.
- reconnaissances en vue du projet :
Ces travaux consistent en sondages, géophysique, galeries de reconnaissance, essais in situ et en laboratoire.
Ils peuvent présenter jusqu'à 8% du coût total des travaux de génie civil en site difficile ou urbanisé.
Ce pourcentage peut paraître élevé mais les reconnaissances tentent de réduire les aléas géologiques et ont pour but de prévoir les meilleurs procédés de construction à mettre en œuvre et de dimensionner le soutènement et le revêtement.
L'expérience montre que les reconnaissances permettent de réaliser des économies substantielles sur le coût final de réalisation.
- travaux de génie civil principal :
Prenons l'exemple des travaux d'exécution des têtes de tunnels : leur coût peut varier de quelques % à environ 30 % du coût total de génie civil. Cette amplitude importante a pour origine la longueur du tunnel, la manière d'entrer dans le sous-sol, la nature des terrains rencontrés.
Le génie civil proprement dit comprend donc le creusement, le soutènement et le revêtement. Les deux premiers postes représentent en général 60 à 75 % du coût total du génie civil et peuvent représenter la quasi-totalité de ce coût dans le cas des tunnels non revêtus.
Les travaux préparatoires (traitement de terrain par injection, congélation,…) peuvent représenter jusqu'à 50 % du coût du génie civil dans les cas très défavorables (mauvais terrain avec charge d'eau importante en site urbain, traversées d'accidents géologiques,…).
Dans les sols, où le creusement est effectué au bouclier, le revêtement peut représenter plus de la moitié du coût du génie civil.
On peut dire que si l'on prend pour référence le coût moyen d'exécution d'un kilomètre courant de tunnel creusé en très bon rocher :
-         le coût du génie civil en site rocheux peut varier dans une fourchette de 1 à 3 ;
-         dans les sols et roches tendres, ce coût peut varier dans une fourchette de 1.5 à 5 ;
-         là où l'emploi de l'air comprimé, d'injections ou de congélation, cela varie de 4 à 9.

b)  part des équipements :
Pour un tunnel routier, les équipements à prévoir comprennent :
-         l'éclairage dont une partie est indépendante de la longueur (renforcement aux entrées) et une autre proportionnelle à la longueur. Son coût dépend du niveau d'éclairage choisi ;
-         la ventilation dont la nature varie en fonction de l'importance du trafic, de la pente du tunnel, de la proportion de poids lourds et de la longueur. La ventilation nécessite des investissements de génie civil de second œuvre, voire une augmentation de la section creusée ;
-         des équipements nécessaires à la sécurité et à l'exploitation, qui sont fonction du niveau de service demandé.
 
Méthodes d'estimation des coûts
a) la méthode des prix d'ordre :
Les prix d'ordre sont établis sur la base des prix de règlement en fin de chantier pour des ouvrages terminés. Ces prix forfaitaires et unitaires comprennent en plus des dépenses directes de personnel, matériel et fournitures, les majorations pour frais généraux, bénéfices et taxes, les frais d'installation de chantier, les ouvrages provisoires peu importants, les dépenses secondaires et accessoires.
Cette méthode est rapide et simple. Elle prend en compte les aléas moyens des chantiers.
b) la méthode des séries de prix :
Une série de prix est établie sur la base des définitions des prix utilisés dans les marchés. Pour chaque prix, une valeur est attribuée. Le détail estimatif de l'ouvrage en résulte.
c) la méthode des sous-détails :
Il faut définir les données nécessaires telles que la longueur de l'ouvrage, la définition géométrique de la section type, le comportement du terrain (soutènement), les fournitures, les moyens en personnel et matériels, les cadences des différents postes. L'estimation de l'avancement réalisable et des temps perdus (pannes, entretiens, travaux particuliers) permet d'établir, avec les données précédentes, le coût direct du mètre linéaire du tunnel.
Il faut ensuite majorer ce coût des frais généraux, des installations de chantier, des frais de siège et des bénéfices.
Cette méthode peut s'appliquer tout particulièrement aux procédés mécanisés et aux tunnels creusés dans des conditions pour lesquels il n'existe pas de prix d'ordre de référence.