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Introduction
L’eau est l’ennemie de la
stabilité des talus, plus de 80% des problèmes de stabilité
sont dus à l’eau. L’équilibre d’un talus se traduit par un champ de contraintes
effectives de bonne allure. Une venue d’eau modifie les contraintes effectives et cette
distribution satisfaisante est perturbée, jusqu'à provoquer la rupture. Ces
phénomènes peuvent être décrits à l’aide d’équations aux dérivées
partielles simples
qui s’intègrent facilement avec la méthode des éléments finis. La pertinence
des
résultats est cependant difficile à établir vu la grande difficulté à connaître
les
conditions limites du problème, qui ont, par nature, une très grande influence sur le
résultat.
Rappels d’hydraulique des milieux
poreux.
Dans un
sol l’eau peut être en équilibre, sans écoulement apparent, et une limite
existe entre la zone saturée et celle non saturée. Cette limite, horizontale si équilibre,
s’appelle la nappe. Elle peut être mise en évidence par un puits de petit diamètre,
un
piézomètre.
Sinon, quand
un véritable écoulement se produit dans la zone saturée, en
dessous de la nappe, l’ingénieur doit résoudre cet écoulement à l’aide
des équations
suivantes :
h
= u / gw + z, ce qui définit la charge hydraulique et u correspond à
la pression
de l’eau, la pression interstitielle. Gw est le poids spécifique de l’eau (10kN/m3),
z
une référence verticale (côte) choisie judicieusement pour des calculs plus lisibles.
v
= k i, détermine la vitesse de l’écoulement, produit du gradient i de la charge,
par la perméabilité du sol k. C’est la loi de Darcy. La perméabilité k est
difficile à
déterminer avec précision et présente un caractère anisotropique important. Du
sable à l’argile, elle varie de 10 -3 m/s à 10 -12 m/s. Pour deux
sols différents, si le
rapport de perméabilité dépasse 100, un des sols peut être considéré comme
imperméable par rapport à l’autre.
Type de sol
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k : perméabilité
en cm/s
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Graves
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10 2 à 10 - 1
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Sables
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10 - 1 à 10 - 3
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Limons
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10 - 3 à 10 - 7
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Argiles
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10 - 7 à 10 - 11
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Roches non fissurées
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10 - 8 à 10 - 10
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Tab 3 - 1 - Valeurs de perméabilité
Dh
= 0, cette équation, qui traduit la conservation de l’eau dans un sol permet
de résoudre l’écoulement, c’est à dire déterminer en tout point du domaine
la charge,
donc la vitesse et la pression interstitielle. L’écoulement peut être représenté
par ses
lignes de courant et ses équipotentielles. Cette résolution d’équations différentielles
ne peut être accomplie que si les conditions limites de l’écoulement sont connues,
ce qui est parfois très délicat et il y a souvent, de nombreuses hypothèses
simplificatrices à poser.
E
= i V gw , traduit le fait qu’un sol parcouru par un écoulement
est soumis à
des forces d’entraînement volumique. Lorsque l’écoulement est ascendant, il y
a
alors risque de renard. Le gradient critique ic = g’ / gw,
est la limite du gradient vertical
avant boulance du sol.
La coexistence de deux zones de sol, zone
saturée et zone non saturée, rend la
résolution de l’écoulement un peu plus délicate. Chaque élément de sol
peut être en
cours de saturation, c’est un accumulateur d’eau ; en cours de drainage, il fournit
de
l’eau à ses voisins ; ou saturé, il est parcouru par un écoulement. Cette
modification
du degré de saturation se traduit par une variation importante de la perméabilité.
Différents auteurs ont fourni des relations entre la perméabilité et le degré de
saturation. L’ingénieur possède ainsi des données pour ses calculs, s’il
connaît les
conditions limites à appliquer.
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Dans ce paragraphe les écoulements
considérés sont des écoulements
stationnaires, qui ne dépendent pas du temps.
Fig.3 - 13 - Influence sur l’écoulement provoqué par
l’infiltration superficielle,
de la présence de couches de faible perméabilité à l'intérieur d'un dépôt
de
plus grande perméabilité (d'après Roulon et Freeze, 1985).
Les pressions interstitielles dépendent
du nombre et de l’épaisseur des couches
moins perméables, de leur position et du rapport de perméabilité entre les différents
sols. Les conséquences en termes de contraintes effectives sont remarquables et
ne sont pas toujours considérées dans une analyse conventionnelle. Ce qui peut
conduire à de graves erreurs.
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1 - Cas de la pente infinie.
Dans
le cas d’un milieu saturé, homogène et isotrope, pour un écoulement
unidimensionnel en régime permanent, le réseau d'écoulement de la pente infinie
peut être déterminé sans aucune difficulté analytique.
1 - 1 - Ecoulement uniforme d’inclinaison
variable.
Fig. 3 - 1 - Pressions interstitielles dans le cas de pente infinie
isotrope et
d’écoulement unidimensionnel (d'après Bolton, 1979).
L’écoulement parallèle à la surface du terrain est le cas le plus souvent considéré
dans les calculs, car ce cas correspondant à beaucoup de situations réelles : il est
caractéristique de pentes constituées par une couche homogène d’épaisseur
constante couvrant une formation de perméabilité très faible, comme dans le cas
des argiles raides, qui ont toujours une couverture altérée.
Si le sol est isotrope, les équipotentielles
sont normales aux lignes d'écoulement et
la surface du sol représente une ligne d’écoulement. En considérant que le long
d'une équipotentielle la charge hydraulique h est constante, on peut facilement
calculer la pression de l'eau, qui est égale à la différence d’altitude entre le
point
considéré et le point d’intersection de l'équipotentielle avec la surface libre.
Cette
valeur est fonction de l'inclinaison de la pente et de l’inclinaison a des lignes
d’écoulement (fig. 1).
Le
cas d’écoulement vertical vers le bas est aussi possible, en présence d’une
couche très perméable en profondeur.
S’il
y a écoulement descendant, la pression interstitielle au point considéré est
plus faible que ce qu’elle serait s’il n’y avait pas d’écoulement; s’il
y a écoulement
ascendant, la pression interstitielle est plus grande.
De
l’équation issue de la figure 1 on peut déduire que la direction d'écoulement
joue un rôle très important sur les pressions interstitielles. En particulier, à la
profondeur z de la surface de la nappe, la pression d’eau peut varier entre 0 (cas
d'écoulement vertical vers le bas) et (cas d'écoulement, en direction
perpendiculaire, vers la surface du terrain,).
Donc, la direction d’écoulement
influence beaucoup l'état de contrainte effective et
de ce fait le coefficient de sécurité défini par tmax / t
= c’ + (s - u) tan j ’ .(1).
Dans les sols partiellement saturés à granulométrie fine (limons et argiles), la valeur
de u à introduire dans l’expression (1) est négative, c’est la succion qui dépend
de la
granulométrie et du degré de saturation du sol. Comme il est fonction de u, le
coefficient de sécurité peut être important. Mais l’annulation des pressions négatives
capillaires (due par exemple à des pluies intenses et prolongées) peut réduire le
coefficient de sécurité jusqu’à la rupture, ce qui est typique de régions à climat très
chaud (Brand, 1987).
Fig. 3 - 2 - Coefficient de sécurité d’une pente infinie
dans l’hypothèse d’écoulement
unidimensionnel et de terrain frottant (c’=0) saturé (gsat=20
KN/m3)
La
figure 3 montre les résultats d’un grand nombre de mesures de succion
effectuées dans une pente en terrains résiduels à Singapour. La succion, qui dans la
couche superficielle a une valeur initiale maximum d’environ 100 kPa, est annulée
complètement après des pluies d’intensité même faible.
Fig. 3 - 3 - Succion mesurée à Singapour dans une pente constituée
par des
terrains d’altération (d’après Pitts et Cy, 1987).
1 - 2 - Ecoulement uniforme dans une pente
dont la perméabilité varie avec la
profondeur.
Les variations de perméabilité
qui intéressent les sols homogènes caractérisés par
un degré de surconsolidation faible, dont la porosité dépend de l’état de
contrainte,
influencent remarquablement les caractéristiques d’écoulement et la distribution des
pressions interstitielles.
Le problème a été étudié
par Iverson (1990) qui a analysé le cas de la pente infinie.
La figure 4 montre le réseau d'écoulement théorique obtenu pour un coefficient de
perméabilité variable avec la profondeur selon l’expression k=y2 (y étant
l'abscisse
en direction normale à la surface du terrain).
Fig. 3 - 4 - Réseau d'écoulement pour une pente infinie,
dans le cas de
coefficient de perméabilité variable avec la profondeur selon l’expression
k=y2
(d'après Iverson, 1990)
1 - 3 - Ecoulement uniforme dans une pente
dont la perméabilité est anisotrope.
L'anisotropie de la perméabilité
aussi exerce une influence remarquable sur le
régime des pressions interstitielles. Un exemple est reporté dans la figure 5, qui
montre la distribution de la pression interstitielle le long d’une surface de glissement
potentielle pour différentes hypothèses sur l’anisotropie : la situation plus défavorable
est obtenue lorsque l’axe principal de perméabilité est parallèle à la pente.
Fig. 3 - 5 - Niveaux piézométriques à la base d’une
probable surface de glissement
dans un milieu homogène et anisotrope, pour différentes hypothèses sur
l’anisotropie de perméabilité (d'après Hodge et Freeze, 1977): a) isotrope; b)
axe principal de perméabilité horizontal; c) axe principal de perméabilité
vertical; d) axe principal de perméabilité parallèle à la pente; e) axe principal
de perméabilité incliné de 45°.
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Cas d’une colline
3 - 2 - 2 - 1 - Colline symétrique.
La présence de conditions de symétrie
géométrique, comme sur le sommet de la
colline et le centre de la vallée de la figure 6, impose un réseau caractérisé par
des
lignes d'écoulement verticales en correspondance des deux axes de symétrie. Dans
le cas de la figure, pourtant, au pied de la pente le niveau d’eau dans un piézomètre
idéal se trouve au dessus de la surface du sol, ce qui donne un coefficient de
sécurité local plus faible que dans le cas de la pente infinie (écoulement ascendant);
en correspondance du sommet, au dessous de la surface libre de la nappe le niveau
piézométrique est inférieur a celui de la surface libre (écoulement descendant).
Fig 3 - 6 - Réseau d'écoulement en milieu homogène et
isotrope caractérisé par une
symétrie géométrique (d'après Patton et Hendron, 1971).
Il
s’agit ci-dessus d’un cas simple concernant des sols homogènes. Plus
généralement, les conditions hydrauliques aux limites de la pente dépendent d’une
situation hydraulique souterraine à une échelle beaucoup plus grande : un exemple
est donné dans la figure 7, qui montre comment une pente localisée fait partie d’un
système complexe avec des perméabilités variables qui contrôlent les situations
hydrauliques locales.
Fig. 3 - 7 - Influence de la situation hydraulique à grande échelle
sur les réseaux
d’écoulement locaux (Hodge et Freeze, 1977).
3
- 2 - 2 - 2 - Colline présentant une hétérogénéité en surface.
Une condition extrêmement défavorable
pour la stabilité des pentes est provoquée
par la présence en surface d’une couverture de sols de plus faible perméabilité
(par
exemple constituée par éboulis, colluvion etc.); cette situation peut déterminer
des
niveaux piézometriques importants juste au dessous de cette couverture, qui
représente une barrière pour le mouvement de l’eau (fig. 8).
Fig. 3 - 8 - Variation des caractéristiques de l'écoulement
provoquée par la
déposition en surface de matériaux de faible perméabilité (d'après Patton et
Hendron, 1971)
Une situation tout à fait particulière
se vérifie dans les glissements de terrain, dont la
perméabilité est généralement plus grande que dans la formation stable inférieure
et
change dans le temps par effet des mouvements, qui sont responsables de
modifications de structure des terrains impliqués et de la formation de fractures
(Iverson et Major, 1987).
Dans ce cas, la masse qui glisse devient
un réservoir d’eau pour la formation sus-
jacente et l’écoulement a une composante verticale.
3 - 2 - 2 - 3 - Colline présentant
une hétérogénéité suivant des couches.
Un autre
facteur influençant l’écoulement est la structure du sous-sol,
généralement constitué de différentes couches, chacune caractérisée par
différentes propriétés hydrauliques. En particulier, dans le cas de couches
homogènes, le régime des pressions interstitielles est réglé par la géométrie
du
problème et le rapport de perméabilité entre les couches.
Bromhead (1986) reporte le cas
d’une pente, drainée ou pas en profondeur, soit
dans le cas de coefficient de perméabilité constant que de coefficient de perméabilité
décroissant avec la profondeur: la solution qualitative des quatre cas considérés est
reportée dans la figure 9 et montre que les pressions
interstitielles obtenues en présence
d'une couche drainante inférieure sont beaucoup
plus faibles que celles obtenues dans le cas de sol homogène: cela influence
favorablement la stabilité (écoulement descendant).
Fig. 3 - 9 - Distribution des
pressions interstitielles à l'intérieur d'une pente, drainée
ou non drainée à la base (d'après Bromhead, 1986)
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L’évolution géomorphologique
des vallées du Québec décrite par Lefebvre (1984)
dans une étude sur l’hydraulique souterraine de ces régions, publiée par Lafleur
et
Lefebvre en 1980, est une excellente preuve du rôle de l’écoulement sur la stabilité
des pentes.
La stratigraphie du sous-sol dans toute
la région est représentée dans la figure 10;
elle est constituée par:
une
croûte argileuse superficielle assez perméable (K10-7 m/s);
un
dépôt d'argile de faible perméabilité (K10-10 m/s);
une
couche inférieure constituée par des terrains morainiques de perméabilité
plus grande (K10-9 m/s) que dans les argiles.
Dans
cette situation géologique, le lit des rivières qui traversent la région est plus
ou moins proche de la couche drainante inférieure (moraines), selon les conditions
locales d’érosion. Une analyse numérique effectuée en conditions d’écoulement
permanent (Lafleur et Lefebvre, 1980), montre que les caractéristiques du
mouvement de l’eau dépendent uniquement de la position de la couche perméable
inférieure par rapport au fond de la vallée (fig. 11). En particulier, lorsque l’érosion
rejoint les terrains morainiques ou est très proche d’eux, la direction d’écoulement
présente une forte composante descendante stabilisatrice; au contraire, si le fond de
la vallée est loin de la couche inférieure, il y a de remarquables gradients
hydrauliques ascendants déstabilisateurs. Les schémas d’écoulement influencent
très fortement la stabilité des rives des rivières étudiées. (Lefebvre, 1984).
Ces
résultats ont été confirmés par les données piézométriques obtenues
dans les sites
étudiés.
Dans la phase initiale de l’érosion,
quand la présence de la couche inférieure plus
perméable n’influence pas l’écoulement, les conditions de stabilité sont
normales.
Dans la phase suivante, lorsque les forces d’écoulement ascendantes commencent
à avoir une importante composante verticale, les conditions de stabilité sont les
pires: dans cette situation l’évolution géomorphologique est très rapide, étant
caractérisée soit par l’approfondissement que par l’élargissement de la vallée à
cause d’importants glissements de terrain. Dans la phase finale, l’eau s’écoule
vers
la couche drainante inférieure; pourtant, les forces d’entraînement ont une importante
composante stabilisante. Dans cette situation géologique, on assiste à la formation
sur les pentes de couches d’altération, intéressées par des glissements superficiels.
Fig. 3 - 10 - Schémas de sous-sol étudiés par Lafleur
et Lefebvre (1980) pour
l'analyse de l’écoulement dans les vallées du Québec
Fig. 3 - 11 - Réseaux type
d'écoulement dans le sous-sol des vallées du Québec
(d'après Lafleur et Lefebvre, 1980).
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Dans une étude très détaillée
(Gosset et al, 1975) montrent l’influence du rapport de
perméabilité entre les deux couches mises à jour lors d’une excavation, ce qui
influence grandement la stabilité. (fig 3 - 12)
Fig 3 - 12 - Ecoulement de la
tranchée du Tronchon. (Gosset et al, 1975)
La présence de couches horizontales
de faible perméabilité intercalées dans des
sols de perméabilité plus élevée est une situation stratigraphique plutôt fréquente,
en
particulier dans les régions occupées par des dépôts sédimentaires. Cette situation
a été étudiée par Roulon et Freeze (1985), qui ont utilisé un logiciel aux élément finis
qui tient compte de l'infiltration et peut considérer la présence de sols partiellement
saturés. L’étude a permis de vérifier que la présence de couches moins perméables
est responsable de la formation de zones saturées et de zones partiellement
saturées au dessus et au dessous des couches moins perméables (fig. 13).
Rôle des fissures et des circulations
d’eau.
Une
situation différente peut se rencontrer dans les argiles raides fracturées.
L’eau circule souvent dans des fissures ou des boyaux et il est très difficile d’en
tenir
compte, le système hydraulique n’étant plus continu. L’eau accumulée dans
les
fractures est soumise à des pressions locales qui sont indépendantes de la pression
agissant dans la matrice poreuse.
Pour
le glissement de Melfi, une étude très soigneuse des données et des
observations morphologiques faites sur le terrain, permet d’expliquer le phénomène
par le mécanisme de la figure 14, pour lequel le glissement est le résultat du
mouvement d’une série de blocs d’argile soumis à la poussée de l’eau
infiltrée dans
les fractures verticales ouvertes après excavation (“cleft pressures”). (Picarelli
et al.,
1987)
Fig. 3 - 14 - Glissement de Melfi:
mécanisme supposé du phénomène du 1980.
Dans l’hypothèse de fractures
verticales complètement remplies d’eau, avec un
angle de frottement résiduel de 20° et une épaisseur de la masse en mouvement de
11 m, la rupture peut être justifiée par une longueur des blocs d’environ 30 m, ce qui
est à peu près la distance moyenne entre le fractures observées sur le sol.
La pente fut stabilisée par une parois
de pieux de grand diamètre (1.2 m).
Les circulations d’eau dans des
systèmes de fissures ou de boyaux conduit à des
temps de réponse du glissement, après une pluie extrêmement courts.
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Etude d’un écoulement dans
le temps.
Pour connaître avec suffisamment
de précision l’hydraulique d’une pente, une étude
dans la durée est nécessaire. L’étude d’un cycle annuel est un minimum, deux à
trois années de mesures sont en général suffisantes, sauf si l’on est dans des
conditions climatiques exceptionnelles. (Voir cas de Rognac et de London Street
cités précédemment)
Si l’on veut maîtriser l’évolution
des phénomènes hydrauliques, la mesure des
pressions interstitielles en différents points du massif constitue donc une étape
essentielle à toute analyse de stabilité d'une pente. Il faut cependant être conscient
que ces mesures sont ponctuelles, généralement en nombre relativement faible, et
que l'extrapolation à l'ensemble de la pente et l'établissement de courbes
équipotentielles ou équipressions est toujours délicate. Elle peut parfois se faire de
manière manuelle où avec des logiciels d'interpolation simples. Elle peut aussi se
faire en utilisant des logiciels permettant l'établissement d'un réseau d'écoulement
en essayant de retrouver les conditions limites qui conduisent à des valeurs
identiques aux mesures, c’est de l’analyse à rebours.
Quand la géométrie du site,
les conditions limites sont trop complexes, une
approche globale du système hydraulique d’une pente peut être faite. Deux
techniques existent.
Simulation de la piézométrie à partir de la pluviométrie
Modèle d’ajustement αj, β, γ, Hmin
Approche statistique xj
Modèle à un réservoir (3 types) a, b, c, k, n
Modèle à deux réservoirs a, b, k0, k1, k2, kd, n1, n2
Simulation des déplacements à partir de la piézométrie
Modèle exponentiel de type α α, Ho
Modèle exponentiel de type β β
Modèle basé
sur le fluage Hrupt, c’, φ, α, s1, υo, T
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Modèle ‘Réservoir’
Devant toutes les difficultés de
modélisation d’une pente complexe, une approche
globale peut être préférée. Le cas de Séchilienne en est un exemple. La toponymie
des lieux est déjà un indice, le sommet de la pente étant dénommé « Le
Mont Sec ».
En effet dans ce massif fracturé, aucun écoulement d’eau est apparent (voir fig. XX).
Des mesures sur plusieurs années montre une corrélation évidente, avec parfois un
temps de retard, entre la vitesse du mouvement et la pluviométrie. Un système de
réservoirs peut alors simuler les mouvements de l’eau à l’intérieur du massif.
Le
système imaginé est composé de trois réservoirs. (fig. 25)
Le premier,
le principal, correspond à l’environnement amont du glissement et
reçoit toute l’eau amont. Par le jeux des fractures il se vide, soit directement dans la
rivière de vallée, soit dans un second réservoir qui correspond à la zone du
glissement. Ce dernier se vide à son tour, soit directement dans la vallée, soit dans
un troisième réservoir qui représente la réponse hydraulique du système, c’est à dire
une valeur moyenne des pressions interstitielles qui règnent sous le glissement. Ce
troisième réservoir peut se remplir par le bas, ce qui correspond à un transfert d’eau
des deux précédents réservoirs dont l’exutoire vers la rivière est limité
par la
perméabilité du milieu. En effet, dans ce type de modèle, les diamètres des
différents ‘tuyaux’ qui relient les réservoirs correspondent à la perméabilité
des
milieux.
fig 3 - 25 - Modèle réservoir
utilisé pour le glissement de Séchilienne.
Pour un
glissement comme celui de Séchilienne, la vitesse de déplacement, de
l’ordre de quelques centimètres par mois, fluctue en fonction des pressions
interstitielles u, ces dernières étant directement liées au coefficient de sécurité
par la
relation globalisée
F = tmax / t,
avec tmax = c’ + ( s - u ) tan j’ .
Et plusieurs études ont montré
que la vitesse de déplacement est reliée au
coefficient de sécurité par une fonction de type hyperbolique. (fig. 26) (Pouget et al.,
19XX)
Fig 3 - 26 - Relation entre coefficient
de sécurité et vitesse de déplacement.
Le modèle
que l’on cherche à caler possède comme entrée la pluviométrie du
site, et non pas celle de la plus proche station météo, et en sortie la vitesse de
déplacement du glissement. Pour Séchilienne, par tâtonnements, il a été observé
que l’usage de six mois de mesures permet de prédire le comportement du massif
sur un mois. Ceci, à condition qu’aucun changement ne se produise au sein du
massif, comme une rupture localisée, qui changerait la physique du problème, donc
invaliderait le modèle. Autrement dit, cette approche ne peut prédire la rupture du
massif, mais permet de dire si le phénomène étudié reste stable. (Jolly et al.,
1998)
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Ce
modèle, proposé par RM FAURE (voir bibliographie [1]), a été ‘amélioré’
avec
l’ajout d’un nouveau paramètre c prenant en compte la température.
Cette
modélisation consiste à assimiler le glissement de terrain étudié à un
réservoir plus ou moins rempli d’eau, alimenté en eau par la pluie, perdant une partie
de son contenu par évapotranspiration et vidangé par l’intermédiaire d’une
canalisation.
L’équation
de récurrence entre les hauteurs d’eau successives dépend du choix
de la relation entre le débit sortant Q du massif et la hauteur piézométrique H. Les
variations de Q vont dans le même sens que celles de H. Trois relations, utilisant un
unique paramètre et respectant cette remarque, ont étés proposées : Q=H/k,
Q=H0.5/k (découle de la formule du débit de Torricelli) et Q=H²/k..
On
obtient, trois équations différentes (voir Equations 3, 4 et 5) en partant de la
relation entre Q et H et de l’équation de conservation de la masse que l’on moyenne
entre deux relevés (t et t + 1).
Équation 3 : Récurrence entre les piézométries du modèle à un réservoir du type Q=H/k
Équation 4 : Récurrence
entre les piézométries du modèle à un réservoir du type Q=H0.5/k
Équation 5: Récurrence
entre les piézométries du modèle à un réservoir du type Q=H²/k
Ce
modèle, existant au départ sans le paramètre lié à la température, avait
comme principal inconvénient de ne pas prendre en compte l’évapotranspiration (voir
BURLON [10]) mais l’ajout de la contribution de la température à des pertes d’eau
permet d’une manière simplifiée de tenir compte de ce phénomène important
en
hydraulique.
Maintenant
l’inconvénient principal est la difficulté d’analyse de la signification du
paramètre k dépendant du choix de la relation liant Q et H.
De
plus, le calage de ces modèles peut s’avérer difficile.
Mais,
on a tout de même retenu ce modèle qui a l’avantage d’être parlant au
niveau des phénomènes mis en jeu et de la provenance des différentes équations.
(Pour
plus de précisions concernant ces modèles et leurs résultats voir Annexe
A.2)
Ce
modèle a été, lui aussi, proposé par RM FAURE [1] et comme pour celui à un
réservoir, le massif est modélisé en temps que succession de deux réservoirs
plus ou moins remplis d’eau, alimentés en eau par la pluie et communiquant entre
eux par l’intermédiaire de canalisations.
La
relation, entre le débit et la hauteur d’eau utilisée pour aboutir au résultat,
est
du type Q=H/k. (c’est la relation qui semble donner les meilleurs résultats dans le
modèle à un réservoir).
Cette
modélisation donne, après la résolution des diverses équations, une relation
de récurrence entre les hauteurs d’eau des deux réservoirs en question (voir
Equation 6) dépendant de 8 paramètres (voir équation 7) découlant eux-mêmes
de paramètres spécifiques (au nombre de 6) du même type que le modèle à un
réservoir.
Équation 6 : Récurrence sur les piézométries du modèle à deux réservoirs
Équation 7 : Les
paramètres du modèle à deux réservoirs
Ce
modèle n’a pas été retenu au vu de multiples remarques :
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3 - 4 - 1 - Cas général.
On considère le plus souvent que
les conditions d'écoulement dans les sols sont
stationnaires et peuvent être obtenues, ou confirmées, par des techniques de
construction de réseaux d'écoulement basées sur la résolution de Laplaciens. On
obtient donc un champ de pressions interstitielles qui sera introduit dans le
programme de calcul de stabilité. Pour cela il faut être sur d’avoir un écoulement
qui
corresponde aux conditions raisonnablement les plus défavorables. Mais il y a
cependant de nombreuses exceptions à ces conditions, essentiellement lorsque l’on
prendre en compte le temps.
Il y aura alors, autant de calculs à
faire que de réseaux représentatifs de
l’écoulement dans le temps. Il ne faut pas oublier aussi que d’autres phénomènes
transitoires peuvent apparaître comme pour les séismes ou pour les barrages en
terre lors de vidange rapides.
Lorsqu'un logiciel d'écoulement à
surface libre est utilisé, un certain nombre de
précautions doivent être prises:
- le maillage
doit être de dimensions telles que les résultats ne soient pas
influencés;
- les conditions
aux limites doivent être choisies en fonction des conditions
régionales, stratigraphiques et climatiques;
- les perméabilités
des différentes couches (plus exactement les rapports entre
les différentes perméabilités) et leur anisotropie doivent être choisies avec
précautions. Il s'agit d'un exercice délicat, la perméabilité étant un paramètre
difficile
à définir avec une précision supérieure à un facteur 10.
3 - 4 - 2 - Etude d’un écoulement
dans le temps.
Pour connaître avec suffisamment
de précision l’hydraulique d’une pente, une étude
dans la durée est nécessaire. L’étude d’un cycle annuel est un minimum, deux à
trois années de mesures sont en général suffisantes, sauf si l’on est dans des
conditions climatiques exceptionnelles. (Voir cas de Rognac et de London Street
cités précédemment)
Si l’on veut maîtriser l’évolution
des phénomènes hydrauliques, la mesure des
pressions interstitielles en différents points du massif constitue donc une étape
essentielle à toute analyse de stabilité d'une pente. Il faut cependant être conscient
que ces mesures sont ponctuelles, généralement en nombre relativement faible, et
que l'extrapolation à l'ensemble de la pente et l'établissement de courbes
équipotentielles ou équipressions est toujours délicate. Elle peut parfois se faire de
manière manuelle où avec des logiciels d'interpolation simples. Elle peut aussi se
faire en utilisant des logiciels permettant l'établissement d'un réseau d'écoulement
en essayant de retrouver les conditions limites qui conduisent à des valeurs
identiques aux mesures, c’est de l’analyse à rebours.
Quand la géométrie du site,
les conditions limites sont trop complexes, une
approche globale du système hydraulique d’une pente peut être faite. Deux
techniques existent.
Cette
méthode de calcul est assez intuitive. On considère ici que les variations de
la nappe dans le temps sont la somme des effets des différents paramètres
météorologiques variants dans le temps (température et pluviométrie) et du niveau
de remplissage de la nappe
Ces
hypothèses se traduisent par différentes contributions à la hauteur de la
nappe :
L’équation
de récurrence sur la piézométrie découlant de ces remarques (voir
Equation 1) a été proposée par R.M FAURE (voir bibliographie [1]).
Équation 1: Relation entre les piézométries pour le modèle
d'ajustement
Où :
Les
avantages de ce modèle sont la facilité d™analyse
des valeurs des
paramètres qui donnent clairement le ‘poids’ de chaque contribution aux variations
de la nappe ainsi que la fiabilité du calage.
Par
contre, le problème principal de ce modèle est de considérer la température
comme unique phénomène entraînant la perte d’eau par évapotranspiration (alors
que ce phénomène met en jeu de nombreux paramètres allant de la couleur du sol, à
la vitesse du vent et au rayonnement solaire en passant par la densité de la
végétation).
(Pour
plus de précisions concernant ce modèle et ses résultats voir Annexe A.1)
Ce
modèle (proposé par BURLON [10]) est une adaptation de la méthode des
réseaux de neurones (développée par Vuillet).
C’est
la minimisation de la somme des écarts au carré entre la piézométrie et la
somme des contributions des données météorologiques (voir Equation 2).
Équation 2 : Valeur à minimiser pour le calage de l’approche
statistique
Où :
Les
inconvénients d’un modèle de ce type sont principalement liés à la méthode
de résolution qui utilise des méthodes que PHP ne permet pas (par inversion de
matrice) ou qui ne correspondent pas à ce que l’on fait pour les autres modèles
(par régression linéaire).
De plus, le principe de cette approche
est le même que celui la méthode
d’ajustement (contribution des différentes données météorologique).
Utilisation des réseaux de neurones.
Pour prévoir le déplacement
d’une pente en fonction de la pluviométrie, l’utilisation de
réseaux de neurones est une solution élégante. La phase d’apprentissage du
programme informatique, se fait sur des jeux de données connues, pluviométrie et
déplacements mesurés sur une période et fournis à la machine avec des
pondérations obtenues principalement par moyennes glissantes. (Vuillet et al., 1996).
Les résultats sont très corrects pour la prédiction, mais pour l’ingénieur
le coté ‘boite
noire’ de l’approche est un peu frustrant.
Et avec cette approche, la même limitation
que précédemment existe, les conditions
physiques de l’écoulement doivent être constantes dans le temps, on ne peut donc
prédire la rupture du massif étudié.
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Ce chapitre donne les bases du calcul des écoulements dans un sol
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Equations de base de l'hydraulique
des sols
h = u / gw
+ z, ce qui définit la charge hydraulique et u correspond à la pression de
l’eau, la pression interstitielle. Gw est le poids spécifique de l’eau (10kN/m3), z
une
référence verticale (côte) choisie judicieusement pour des calculs plus lisibles.
v
= k i, détermine la vitesse de l’écoulement, produit du gradient i de la charge,
par la perméabilité du sol k. C’est la loi de Darcy. La perméabilité k est
difficile à
déterminer avec précision et présente un caractère anisotropique important. Du
sable à l’argile, elle varie de 10 -3 m/s à 10 -12 m/s. Pour deux
sols différents, si le
rapport de perméabilité dépasse 100, un des sols peut être considéré comme
imperméable par rapport à l’autre.
Type de sol
|
k : perméabilité
en cm/s
|
Graves
|
10 2 à 10 - 1
|
Sables
|
10 - 1 à 10 - 3
|
Limons
|
10 - 3 à 10 - 7
|
Argiles
|
10 - 7 à 10 - 11
|
Roches non fissurées
|
10 - 8 à 10 - 10
|
Tab 3 - 1 - Valeurs de perméabilité
Dh
= 0, cette équation, qui traduit la conservation de l’eau dans un sol permet
de résoudre l’écoulement, c’est à dire déterminer en tout point du domaine
la charge,
donc la vitesse et la pression interstitielle. L’écoulement peut être représenté
par ses
lignes de courant et ses équipotentielles. Cette résolution d’équations différentielles
ne peut être accomplie que si les conditions limites de l’écoulement sont connues,
ce qui est parfois très délicat et il y a souvent, de nombreuses hypothèses
simplificatrices à poser.
E
= i V gw , traduit le fait qu’un sol parcouru par un écoulement
est soumis à
des forces d’entraînement volumique. Lorsque l’écoulement est ascendant, il y
a
alors risque de renard. Le gradient critique ic = g’ / gw,
est la limite du gradient vertical
avant boulance du sol.
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Piézométrie
Mesure de la perméabilité
avec un infiltromètre à double
anneau.
Formule de Porchet
Essai Nasberg
Essai Lefranc
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Existance de l'anisotropie
L'anisotropie de perméabilité
des sols est une donnée importante
qu'il faut savoir mesurer.
Plusieurs essais Lefranc permettent
d'approcher alpha
Des essais de pompage permettent aussi de connaître l'anisotropie
Si le puits ne descend pas jusqu'au substratum, il est imparfait
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Une pente définit un haut et un bas.
Un écoulement va donc se produire de haut
en bas, mais suivant la complexité géologique du sol, différents types
d'écoulement peuvent se produire, qui dépendent aussi des conditions limites
toujours difficiles à déterminer.
Dans ce paragraphe les écoulements
considérés sont des écoulements
stationnaires, qui ne dépendent pas du temps.
Prendre en compte les conditions limites
du problème
Types d'écoulement
-
Circulations erratiques
- Boyaux
- Veines sableuses
- Zones broyées
- Karst
- Aquifères
- unique à surface libre
- en charge
- multiples
- Autres cas
- Pompage capillaire
- Electro-osmose
Cas type d'écoulement
Cas de la pente infinie.
Dans
le cas d’un milieu saturé, homogène et isotrope, pour un écoulement
unidimensionnel en régime permanent, le réseau d'écoulement de la pente
infinie peut être déterminé sans aucune difficulté analytique.
Ecoulement uniforme d’inclinaison
variable.
L’écoulement parallèle à la surface du terrain est le cas le plus souvent
considéré dans les calculs, car ce cas correspondant à beaucoup de situations
réelles : il est caractéristique de pentes constituées par une couche homogène
d’épaisseur constante couvrant une formation de perméabilité très faible,
comme dans le cas des argiles raides, qui ont toujours une couverture altérée.
Si le sol est isotrope, les équipotentielles
sont normales aux lignes
d'écoulement et la surface du sol représente une ligne d’écoulement. En
considérant que le long d'une équipotentielle la charge hydraulique h est
constante, on peut facilement calculer la pression de l'eau, qui est égale à la
différence d’altitude entre le point considéré et le point d’intersection
de
l'équipotentielle avec la surface libre. Cette valeur est fonction de l'inclinaison
de la pente et de l’inclinaison a des lignes d’écoulement.
Le
cas d’écoulement vertical vers le bas est aussi possible, en présence
d’une couche très perméable en profondeur.
S’il
y a écoulement descendant, la pression interstitielle au point considéré
est plus faible que ce qu’elle serait s’il n’y avait pas d’écoulement;
s’il y a
écoulement ascendant, la pression interstitielle est plus grande.
On
remarque que la direction d'écoulement joue un rôle très important sur les
pressions interstitielles. En particulier, à la profondeur z de la surface de la
nappe, la pression d’eau peut varier entre 0 (cas d'écoulement vertical vers le
bas) et u = gsat *z (cas d'écoulement,
en direction perpendiculaire, vers la
surface du terrain,).
Donc, la direction d’écoulement
influence beaucoup l'état de contrainte effective
et de ce fait le coefficient de sécurité défini par tmax / t
= c’ + (s - u) tan j ’ .(1).
Dans les sols partiellement saturés à granulométrie fine (limons et argiles), la
valeur de u à introduire dans l’expression (1) est négative, c’est la succion
qui
dépend de la granulométrie et du degré de saturation du sol. Comme il est
fonction de u, le coefficient de sécurité peut être important. Mais l’annulation
des pressions négatives capillaires (due par exemple à des pluies intenses et
prolongées) peut réduire le coefficient de sécurité jusqu’à la rupture,
ce qui est
typique de régions à climat très chaud (Brand, 1987).
Ecoulement uniforme dans une pente
dont la perméabilité varie avec la
profondeur.
Les variations de perméabilité
qui intéressent les sols homogènes caractérisés
par un degré de surconsolidation faible, dont la porosité dépend de l’état
de
contrainte, influencent remarquablement les caractéristiques d’écoulement et la
distribution des pressions interstitielles.
Le problème a été étudié
par Iverson (1990) qui a analysé le cas de la pente
infinie. La figure 4 montre le réseau d'écoulement théorique obtenu pour un
coefficient de perméabilité variable avec la profondeur selon l’expression k=y2
(y étant l'abscisse en direction normale à la surface du terrain).
Ecoulement dans une pente réelle
La présence de conditions de symétrie
géométrique, comme sur le sommet de
la colline et le centre de la vallée impose un réseau caractérisé par des lignes
d'écoulement verticales en correspondance des deux axes de symétrie. Dans
ce cas, au pied de la pente le niveau d’eau dans un piézomètre idéal se trouve
au dessus de la surface du sol, ce qui donne un coefficient de sécurité local
plus faible que dans le cas de la pente infinie (écoulement ascendant); par
contre, au sommet, au dessous de la surface libre de la nappe le niveau
piézométrique est inférieur a celui de la surface libre (écoulement descendant).
Colline présentant une hétérogénéité
en surface.
Une condition extrêmement défavorable
pour la stabilité des pentes est
provoquée par la présence en surface d’une couverture de sols de plus faible
perméabilité (par exemple constituée par éboulis, colluvion etc.); cette situation
peut déterminer des niveaux piézometriques importants juste au dessous de
cette couverture, qui représente une barrière pour le mouvement de l’eau.
Colline présentant une hétérogénéité
suivant des couches.
Un autre
facteur influençant l’écoulement est la structure du sous-sol,
généralement constitué de différentes couches, chacune caractérisée par
différentes propriétés hydrauliques. En particulier, dans le cas de couches
homogènes, le régime des pressions interstitielles est réglé par la géométrie
du problème et le rapport de perméabilité entre les couches.
Bromhead (1986) reporte le cas
d’une pente aussi bien dans le cas de
coefficient de perméabilité constant que de coefficient de perméabilité
décroissant avec la profondeur et montre que les pressions interstitielles
obtenues en présence d'une couche drainante inférieure sont beaucoup plus
faibles que celles obtenues dans le cas de sol homogène: cela influence
favorablement la stabilité (écoulement descendant).
Ecoulement uniforme dans une pente
dont la perméabilité est
anisotrope.
L'anisotropie de la perméabilité
aussi exerce une influence remarquable sur le
régime des pressions interstitielles. Ci-dessous on montre la distribution de la
pression interstitielle le long d’une surface de glissement potentielle pour
différentes hypothèses sur l’anisotropie : la situation plus défavorable est
obtenue lorsque l’axe principal de perméabilité est parallèle à la pente.
Rôle de l'évolution géomorphologique
L’évolution géomorphologique
des vallées du Québec décrite par Lefebvre (1984)
dans une étude sur l’hydraulique souterraine de ces régions,
publiée par Lafleur et
Lefebvre en 1980, est une excellente preuve du rôle de l’écoulement sur la
stabilité des pentes.
La stratigraphie du sous-sol dans toute
la région est représentée dans la figure
10; elle est constituée par:
une
croûte argileuse superficielle assez perméable (K10-7 m/s);
un
dépôt d'argile de faible perméabilité (K10-10 m/s);
une
couche inférieure constituée par des terrains morainiques de
perméabilité plus grande (K10-9 m/s) que dans les argiles.
Dans
cette situation géologique, le lit des rivières qui traversent la région est
plus ou moins proche de la couche drainante inférieure (moraines), selon les
conditions locales d’érosion. Une analyse numérique effectuée en conditions
d’écoulement permanent (Lafleur et Lefebvre, 1980), montre que les
caractéristiques du mouvement de l’eau dépendent uniquement de la position
de la couche perméable inférieure par rapport au fond de la vallée. En
particulier, lorsque l’érosion rejoint les terrains morainiques ou est très proche
d’eux, la direction d’écoulement présente une forte composante descendante
stabilisatrice; au contraire, si le fond de la vallée est loin de la couche inférieure,
il y a de remarquables gradients hydrauliques ascendants déstabilisateurs. Les
schémas d’écoulement influencent très fortement la stabilité des rives des
rivières étudiées. (Lefebvre, 1984). Ces résultats ont été confirmés
par les
données piézométriques obtenues dans les sites étudiés.
Dans la phase initiale de l’érosion,
quand la présence de la couche inférieure
plus perméable n’influence pas l’écoulement, les conditions de stabilité
sont
normales. Dans la phase suivante, lorsque les forces d’écoulement
ascendantes commencent à avoir une importante composante verticale, les
conditions de stabilité sont les pires: dans cette situation l’évolution
géomorphologique est très rapide, étant caractérisée soit par
l’approfondissement que par l’élargissement de la vallée à cause d’importants
glissements de terrain. Dans la phase finale, l’eau s’écoule vers la couche
drainante inférieure; pourtant, les forces d’entraînement ont une importante
composante stabilisante. Dans cette situation géologique, on assiste à la
formation sur les pentes de couches d’altération, intéressées par des
glissements superficiels.
Dans une étude très détaillée
(Tranchée du Tronchon au Nord de Lyon) (Gosset
et al, 1975) montrent l’influence du rapport de perméabilité entre les deux
couches mises à jour lors d’une excavation, ce qui influence grandement la
stabilité.
La présence de couches horizontales
de faible perméabilité intercalées dans
des sols de perméabilité plus élevée est une situation stratigraphique plutôt
fréquente, en particulier dans les régions occupées par des dépôts
sédimentaires. Cette situation a été étudiée par Roulon et Freeze (1985), qui
ont utilisé un logiciel aux élément finis qui tient compte de l'infiltration et peut
considérer la présence de sols partiellement saturés. L’étude a permis de
vérifier que la présence de couches moins perméables est responsable de la
formation de zones saturées et de zones partiellement saturées au dessus et
au dessous des couches moins perméables.
Les pressions interstitielles dépendent
du nombre et de l’épaisseur des
couches moins perméables, de leur position et du rapport de perméabilité entre
les différents sols. Les conséquences en termes de contraintes effectives sont
remarquables et ne sont pas toujours considérées dans une analyse
conventionnelle. Ce qui peut conduire à de graves erreurs.
Influence de la situation hydraulique à grande échelle sur les réseaux
d’écoulement locaux
(Hodge et Freeze, 1977).
Rôle
des fissures et des circulations d’eau.
Une
situation différente peut se rencontrer dans les argiles raides fracturées.
L’eau circule souvent dans des fissures ou des boyaux et il est très difficile d’en
tenir compte, le système hydraulique n’étant plus continu. L’eau accumulée
dans les fractures est soumise à des pressions locales qui sont indépendantes
de la pression agissant dans la matrice poreuse.
Pour
le glissement de Melfi, une étude très soigneuse des données et des
observations morphologiques faites sur le terrain, permet d'affirmer quel le
glissement est le résultat du mouvement d’une série de blocs d’argile soumis à
la poussée de l’eau infiltrée dans les fractures verticales ouvertes après
excavation (“cleft pressures”). (Picarelli et al., 1987). Dans l’hypothèse de
fractures verticales complètement remplies d’eau, avec un angle de frottement
résiduel de 20° et une épaisseur de la masse en mouvement de 11 m, la
rupture peut être justifiée par une longueur des blocs d’environ 30 m, ce qui est
à peu près la distance moyenne entre le fractures observées sur le sol.
La pente fut stabilisée par une parois
de pieux de grand diamètre (1.2 m).
Les circulations d’eau dans des
systèmes de fissures ou de boyaux conduit à
des temps de réponse du glissement, après une pluie extrêmement courts.
|
|
Eléments temporels, réponse
d’un système d’écoulement.
Une pente
comporte un système hydraulique dont l’équilibre est sans arrêt
modifié par des actions extérieures qui sont essentiellement de deux types. Le
climat dont le principal agent sur une pente est la pluie ou la neige quand cette
dernière fond. Cet apport d’eau en surface du sol va avoir plusieurs
conséquences. Elle ruisselle et peu entraîner du sol, c’est l’érosion, mais
le rôle
le plus important de l’eau, est du à l’infiltration. Ces actions sont étalées
dans le
temps car la pluie est modulée dans le temps et les vitesses d’infiltration
peuvent être faibles. L’action de l’homme, qui par ses aménagements peut
détruire les équilibres mécanique et hydraulique, ce dernier modifiant à son tour
l’équilibre mécanique, peut être aussi très préjudiciable à la pente.
Le
colmatage d’un exutoire, voulu ou non, peut être la cause, parfois tardive, d’un
glissement.
Cas d’une couche horizontale
soumise à la pluie.
(voir infiltration)
Dans le cas d’une couche horizontale
la nappe s’établit à une certaine
profondeur et est horizontale. La zone au- dessus de la nappe est non saturée.
Une
pluie de courte durée modifie le degré de saturation de cette zone,
sans jamais atteindre la saturation, puis après la pluie l’équilibre précédent
est
retrouvé.
Une
pluie de plus longue durée va générer un front de saturation, qui à
partir de la surface du sol va rejoindre la nappe. Si comme dans la plupart des
cas, la pluie se termine bien avant que le front saturé atteigne la nappe, ce
dernier disparaît.
Une
pluie de très longue durée va générer un front de saturation qui va
rejoindre la nappe et élever d’un seul coup les pressions interstitielles, et donc
occasionner des conditions de rupture.
Pentes
naturelles soumises à la pluie.
Kenney et Lau (1984) ont étudié
une pente, où ils ont installé 65 piézomètres à
de différentes profondeurs de la surface du terrain. Les mesures effectuées
pendant 10 ans ont montré que les eaux souterraines ont un écoulement
transitoire, caractérisé par des niveaux piézomètriques décroissants avec la
profondeur.
Cette situation peut être justifiée
considérant la variation cyclique des
conditions hydrauliques aux limites. En effet la variation saisonnière des
conditions hydrauliques est responsable de la modifications lente des
pressions interstitielles, selon un processus de gonflement qui se propage
lentement à l'intérieur de la masse du terrain à partir de haut.
La vitesse du phénomène dépend
surtout de la perméabilité et de la
déformabilité du sol et de la géométrie du problème. Les données obtenues
démontrent que le processus n’atteint jamais une condition d'équilibre, parce-
que le temps nécessaire est inférieur à la fréquence du cycle saisonnier qui
contrôle les conditions hydrauliques aux limites. Chaque hiver, le gel produira la
formation d’une croûte imperméable, le niveau de la nappe baissera et le
terrain subira une réduction de volume.
Le cas des pentes naturelles formées
de sols partiellement saturés est riche
d’écoulements pas toujours faciles à expliquer.
Il a été déjà montré
que dans les sols partiellement saturés, la stabilité des
pentes dépend énormément des conditions de saturation des sols impliqués.
Toute modification de l’état
de contrainte peut amener le sol à la rupture. Les
mécanismes de rupture plus probables sont les suivants (Sorbino, 1994):
.
Le premier mécanisme a été
reconnu dans les Pays tropicaux, ou les couches
superficielles sont généralement caractérisées par un faible degré de
saturation, qui assure un coefficient de sécurité assez grand, ce qui justifie la
stabilité de pentes caractérisées par une inclinaison importante (Ching et al.,
1984).
Comme il a été déjà
montré (Rulon et Freeze, 1985), le deuxième mécanisme
est typique de massifs qui présentent des couches moins perméables en
profondeur. Tenant compte que le coefficient de perméabilité des sols est une
fonction du degré de saturation Sr et qu’il augmente avec Sr, la formation
de
zones saturées à l’intérieur du massif peut être justifiée par l’influence
des
précipitations météoriques, qui provoquent une augmentation du degré de
saturation et donc du coefficient de perméabilité en surface, favorisant
l’infiltration, qui s’arrête dans les zones moins perméables plus profondes.
Evidemment, le phénomène se
développe dans le temps en fonction des
propriétés du sol. Vaughan (1985) a étudié des glissements qui ont intéressé
des sols résiduels dans les îles Fidji. Il a considéré un profil de perméabilité
décroissant avec la profondeur et a analysé l’évolution du réseau d’écoulement
par effet de l’infiltration de haut. Avec ce modèle, il a été capable de prévoir
le
développement de pressions interstitielles de plus en plus croissantes en
profondeur.
Le troisième mécanisme est considéré
le plus probable dans plusieurs cas
reportés dans la littérature. Un exemple d’étude numérique pour l’analyse
de ce
mécanisme est donné par Leach et Herbert (1982), qui ont analysé le régime
des eau souterraines à Hong Kong par une technique aux différences finies et
ont obtenu des résultats très intéressants en bon accord avec les données
expérimentales.
Cas des excavations.
L’homme qui enlève une partie
du sol, donc diminue rapidement les contraintes
totales, du fait d’un gonflement du sol, perturbe sérieusement le régime des
pressions interstitielles. Il y a alors rééquilibrage naturel. Bishop et Bjerrum,
donnent une explication à ce phénomène (Bishop et al., 1960).
Dans le cas d'une excavation pour laquelle
les pressions interstitielles
reviennent progressivement à l'équilibre, il est intéressant de voir comment la
surface de rupture potentielle la plus critique varie dans le temps. Le cas
rapporté par Bromhead et Dixon (1984) est particulièrement intéressant à ce
sujet. Une falaise dans l'argile de Londres présente une récurrence de rupture
de 40 ans alors que le temps nécessaire à un équilibre total a été évalué à
2000 ans. Le rééquilibrage fait qu’en quarante ans les conditions hydrauliques
sont suffisamment défavorables pour provoquer une rupture, qui déchargeant
l’amont recrée des conditions favorables, ce qui fait que l’équilibre théorique
demandant 2000 ans n’est jamais atteint.
Eigenbrod (1972) a étudié le
problème de la dissipation des pressions
interstitielles provoquées par une excavation en sol homogène et a proposé
des abaques pour le calcul du temps nécessaire au rétablissement des
conditions d’équilibre. Pour une pente donnée, ce temps est une fonction du
coefficient de gonflement cs et de la hauteur de l'excavation.
Le coefficient de pression interstitielle
ru mesuré dans plusieurs talus excavés
dans les argiles de Londres ou calculé par une analyse à rebours de
glissements dans ces mêmes argiles (Skempton, 1977) montre que le temps
de dissipation des pressions interstitielles est de l'ordre de quelques dizaines
d'années. Cela montre bien que la condition critique est celle à long terme,
lorsque les contraintes effectives diminuent du fait de la croissance des
pressions interstitielles.
Après l'application de sollicitations
telles que celles précédemment
mentionnées, il faut un certain temps aux eaux souterraines pour revenir à des
conditions stationnaires. On parle, par exemple, d'une cinquantaine d'années
dans le cas d'une excavation d'une dizaine de mètres dans l'argile de Londres
(Skempton, 1977). La seule manière fiable de connaître les pressions
interstitielles dans le massif de sol est alors de les mesurer à l'aide de
piézomètres. Aussi,les variations de pressions interstitielles aux limites, par
exemple à proximité du terrain naturel, ne se transmettent que lentement en
profondeur dans les dépôts peu perméables. Il s'ensuit que bien des dépôts
sont en permanence dans des conditions transitoires, et que les pressions
interstitielles ne peuvent être connues précisément que par mesures
piézométriques à un instant donné, et connaître leur évolution est essentiel.
Le
cas de Bisaccia (Italie) est bien représentatif de ces redistributions bien que
l’homme n’y soit pour rien, l’excavation est naturelle et a pour nom l’érosion.
Cas des coulées de boue.
Les études sur les coulées d’argiles
semblent montrer que les mouvements
sont cause et, en même temps, conséquence de surpressions interstitielles
provoquées par la modification des contraintes totales suivant les mouvements
mêmes (Picarelli et al., 1995).
Les mesures de pressions interstitielles
et de déplacement obtenues dans une
coulée d’argile dans l’Italie du Sud montrent que:
-
aux différents points de mesure les
déplacements ne sont pas égaux : en
particulier, il y a des zones de compressions, des zones d’extension et des
zones où les mouvements sont tout à fait négligeables : cela s’explique par le
mécanisme de rupture, qui semble être déterminé par la poussée de masses
de terrains instables dans la zone d’alimentation;
- le déplacements ne sont pas simultanés : il y a des zones qui se déplacent
d’abord et des zones qui se déplacent successivement. Ceci confirme le
mécanisme proposé.
- dans certaines cas, la poussée déterminée par les masses instables
est
responsable d’une augmentation des pressions interstitielles: le processus
se renouvelle alors par effet de l’accroissement de la mobilité locale.
Un mécanisme identique a été
proposé par Hutchinson (1986), qui a étudié la
coulée d’ Aberfan. Il a proposé un modèle permettant de calculer la vitesse de
déplacement en tenant compte de l’influence de l’accroissement des
contraintes effectives à cause du phénomène de consolidation qui suit la
rupture non drainée..
Temps de réponse à la pluie.
Sans faire appel à des phénomènes
de gonflement, les exemples suivants
montrent que la réponse d’un système hydraulique à la pluie peu être déroutant
et que le délai de réponse peut varier dans une très grande amplitude.
-
Dans le cas d'Aubenas, France (1972) les
déplacements d'un remblai sur
pente n'ont pu être corrélés aux pressions interstitielles qu'après
enregistrement continu de ces dernières. En effet, les enregistrements ont
montré que les pluies brèves et abondantes étaient suivies d'un
accroissement rapide et important des pressions interstitielles (de l'ordre
de 60 kPa), mais pour une période de temps très courte (quelques heures)
et donc difficilement détectable lors d'une investigation standard.
- Dans le cas du glissement de London Street à San Francisco rapporté
par
Duncan , les pressions interstitielles qui ont conduit à la rupture résultaient
de trois années successives de pluies fortes mais non exceptionnelles.
Le
cas ci-après illustre, non pas le délai de réponse du système
hydraulique, mais l’erreur possible si les études sont faites lors de périodes non
représentatives du régime hydraulique.
-
Dans le cas du talus de déblai de
Rognac, France, (Colas et al. 1976), les
investigations de terrain et les études ayant été faites en période de fort
déficit hydrique (fig.24), des ruptures se sont produites en fin de
construction alors que la pluviométrie annuelle était voisine de la moyenne.
Des corrections ont été apportées pour tenir compte des conditions d'eaux
souterraines observées à ce moment-là. Trois ans plus tard, cependant,
alors que la pluviométrie devenait très importante et bien supérieure à la
moyenne, de nouvelles ruptures se sont produites. Ceci met en évidence la
nécessité de prendre en compte dans les calculs de stabilité des conditions
les plus défavorables que l’on ne peut quantifier qu’après plusieurs cycles
annuels d’obsevation.
|
|
Pour connaître avec suffisamment
de précision l’hydraulique d’une pente, une
étude dans la durée est nécessaire. L’étude d’un cycle annuel est un
minimum,
deux à trois années de mesures sont en général suffisantes, sauf si l’on est
dans des conditions climatiques exceptionnelles. (Voir cas de Rognac et de
London Street cités précédemment)
Si l’on veut maîtriser l’évolution
des phénomènes hydrauliques, la mesure des
pressions interstitielles en différents points du massif constitue donc une étape
essentielle à toute analyse de stabilité d'une pente. Il faut cependant être
conscient que ces mesures sont ponctuelles, généralement en nombre
relativement faible, et que l'extrapolation à l'ensemble de la pente et
l'établissement de courbes équipotentielles ou équipressions est toujours
délicate. Elle peut parfois se faire de manière manuelle où avec des logiciels
d'interpolation simples. Elle peut aussi se faire en utilisant des logiciels
permettant l'établissement d'un réseau d'écoulement en essayant de retrouver
les conditions limites qui conduisent à des valeurs identiques aux mesures,
c’est de l’analyse à rebours.
Plusieurs approches permettent la recherche
de la relation entre la pluie et le
niveau piézométrique de la nappe.
Utilisation d'un modèle analytique.
Le calage de la courbe de piézométrie
peut s’effectuer à partir de la relation
suivante :
avec : Un la
charge hydraulique du jour n exprimée en kPa
Pn les
précipitations en mm du jour n
Pin les précipitations en mm du ième jour précédent le jour
n
Tn
la température en °C du jour n
b,gi, les paramètres à caler
Umin la
valeur de la charge hydraulique à l’étiage, elle est définie en fonction
des différents relevés que l’on possède.
Le coefficient b traduit la vidange de
la nappe. Les coefficients g1, g2 et g3
traduisent l’apport de la pluie et le coefficient g4 traduit le rôle de
l’évapotranspiration à travers l’influence de la température.
Cette relation sinspire donc des formules permettant de calculer
l'évapotranspiration et des différentes publications ayant déjà abordé le thème
des modèles de prévision pluviométrie – piézométrie.
Application à un cas réel : le Petit Caporal à Boulogne
Pour le calage des deux relevés,
il na pas été utile de prendre
en compte
lapport des pluies des 5 ou 10 derniers
jours. Ceci traduit le fait que le
glissement du Petit Caporal semble réagir immédiatement aux événements
pluvieux. Ce résultat était relativement prévisible car le terrain étant
relativement argileux, les écoulements sont difficiles et le niveau de la nappe a
donc tendance à augmenter rapidement. Par ailleurs, les hauteurs de nappe ont
été bornées par une valeur d’étiage Umin et une valeur Umax qui
traduit une côte
maximale de la nappe pour éviter les dérives du modèle.
Les deux calages ont été réalisés
sur 341 jours du 01/08/1999 au 06/07/20000.
Ils sont relativement précis ( cf. graphiques 3 et 4 ). On peut, en effet, corréler
de manière évidente les variations de la pluie et de la hauteur de nappe.
Toutefois, des dérives sont observées entre les valeurs mesurées et les valeurs
estimées. Cette différence pourrait traduire, comme on l’a déjà suggéré
au
paragraphe 1.3, un apport d’eau différé de la part des deux aquifères mais
ce
modèle n’a pas permis de vérifier cette hypothèse.
Graphique
3 : Modèle d’ajustement - Comparaison entre les charges hydrauliques
mesurées
et estimées dans le cas du piézomètre 2
Graphique
4 : Modèle d’ajustement - Comparaison entre les charges hydrauliques
mesurées
et estimées dans le cas du piézomètre 3
Les modèles-réservoirs
Devant toutes les difficultés de
modélisation d’une pente complexe, une
approche globale peut être préférée.
Les modèles-réservoirs
reposent sur l’idée suivante. Il s’agit d’assimiler le
glissement de terrain étudié à une succession de réservoirs plus ou moins
remplis d’eau et communiquant entre eux par l’intermédiaire de canalisations.
L’objectif, comme au paragraphe précédent, est d’estimer les variations de la
pression interstitielle. Le principe de la méthode est de faire correspondre les
différentes hauteurs d’eau, les débits d’entrée et de sortie ainsi que l’apport
d’eau dû à la pluie. L’objectif n’est pas de traduire exactement le comportement
hydrologique du terrain mais plutôt de construire un modèle fonctionnant
comme une boîte noire et fournissant les mêmes réponses.
Dans le cas d’une modélisation à deux réservoirs, on obtient le schéma suivant :
Dans le cas du Petit Caporal, la
connaissance du site permet seulement de
définir un modèle à un seul réservoir ce qui ne devrait certainement pas
permettre d’obtenir des résultats satisfaisants. En effet, comme on ne dispose
pas de mesures piézométriques en amont du glissement, il est impossible de
fixer un niveau de référence pour le premier réservoir du modèle et
donc de
mettre en œuvre un modèle à deux réservoirs. Il apparaît donc difficile de
vérifier si l’idée de deux aquifères rechargeant la nappe sous le glissement est
valable.
Le schéma de la modélisation étudiée est donc le suivant :
Habituellement, dans ce type de modèle,
on relie H et Q par la relation suivante
en supposant que la surface du modèle est une surface unité :
Q=H/k
avec H la charge hydraulique [L], Q
le débit de sortie [LT-1] et k un paramètre [T].
Ce paramètre k ne doit absolument
pas être confondu avec la perméabilité K
[LT-1] d’un sol même si intuitivement il semble que l’on puisse les relier.
Cette relation traduit la dépendance
linéaire entre le niveau de la nappe et le
débit de sortie.
D'autres relations ont été aussi
essayées :
La première relation est inspirée
de la formule de Torricelli . La seconde
relation repose seulement sur l’idée que le débit de sortie est d’autant plus
important que la hauteur d’eau est élevée. D’autres relations nécessitant
l’emploi de paramètres différents existent.
Dans tous les cas, les calculs sont menés
de la façon suivante :
dV=n(H(t+dt)-H(t))=a*Pdt-b*Qdt
avec P l’apport de pluie[LT-1], n la porosité du massif,
a et b des paramètres
d’échelle
Q=0.5*(H(t)+H(t+dt)/k (si on utilise la relation linéaire entre le débit
et la
hauteur d’eau )
Dans les autres cas, on utilise :
Q=0.5*(H(t)0.5+H(t+dt)0.5)/k
ou Q=0.5*(H(t)2+H(t+dt)2)/k
On exprime ainsi H(t+dt) en fonction de
H(t) :
Il suffit de se fixer une valeur de H
comme condition initiale et un pas de temps
pour déterminer l’évolution des hauteurs piézométriques. L’obtention
des
charges hydrauliques U en kPa se fait par l’intermédiaire de la masse
volumique de l’eau gw. Les valeurs des pluies et des débits journaliers
sont
exprimées en mm. Les valeurs des paramètres a et b sont : a=0.1 et b=1.
Comparaison de différentes hypothèses
avec un modèle réservoir
Le cas de Séchilienne en est
un autre exemple. La toponymie des lieux est déjà un
indice, le sommet de la pente étant dénommé « Le Mont Sec ». En effet
dans ce
massif fracturé, aucun écoulement d’eau est apparent . Des mesures sur plusieurs
années montre une corrélation évidente, avec parfois un temps de retard, entre la
vitesse du mouvement et la pluviométrie. Un système de réservoirs peut alors
simuler les mouvements de l’eau à l’intérieur du massif.
Le premier,
le principal, correspond à l’environnement amont du glissement et
reçoit toute l’eau amont. Par le jeux des fractures il se vide, soit directement dans la
rivière de vallée, soit dans un second réservoir qui correspond à la zone du
glissement. Ce dernier se vide à son tour, soit directement dans la vallée, soit dans
un troisième réservoir qui représente la réponse hydraulique du système, c’est à dire
une valeur moyenne des pressions interstitielles qui règnent sous le glissement. Ce
troisième réservoir peut se remplir par le bas, ce qui correspond à un transfert d’eau
des deux précédents réservoirs dont l’exutoire vers la rivière est limité
par la
perméabilité du milieu. En effet, dans ce type de modèle, les diamètres des
différents ‘tuyaux’ qui relient les réservoirs correspondent à la perméabilité
des
milieux.
Les calculs qui résultent d'un tel
modèle sont assez fastidieux.
Approches
statistiques
Les méthodes
statistiques sont de plus en plus utilisées dans l’étude des
glissements de terrains. Deux principales techniques sont habituellement
utilisées : les réseaux de neurones et les méthodes de régression telles que
la
méthode des moindres carrés.
Les réseaux de neurones permettent,
via des coefficients – poids entre les
neurones, de faire correspondre une charge piézométrique à un ensemble de
données météorologiques. Cette méthode nécessite un très grand nombre
de
données afin de déterminer entièrement tous les coefficients – poids. Par
ailleurs, cette méthode doit être reconduite à chaque nouvelle prévision afin de
déterminer une nouvelle fois l’ensemble des coefficients – poids.
Pour prévoir le déplacement
d’une pente en fonction de la pluviométrie,
l’utilisation de réseaux de neurones est une solution élégante. La phase
d’apprentissage du programme informatique, se fait sur des jeux de données
connues, pluviométrie et déplacements mesurés sur une période et fournis à
la
machine avec des pondérations obtenues principalement par moyennes
glissantes. (Vuillet et al., 1996). Les résultats sont très corrects pour la
prédiction, mais pour l’ingénieur le coté ‘boite noire’ de l’approche
est un peu
frustrant.
Et avec cette approche, la même limitation
que précédemment existe, les
conditions physiques de l’écoulement doivent être constantes dans le temps, on
ne peut donc prédire la rupture du massif étudié.
La méthode des moindres carrés,
appliquée à un problème de calage entre
la pluviométrie et la piézométrie, consiste à minimiser la quantité suivante :
avec : yi les
valeurs des charges piézométriques en kPa corrigées du jour i (
ce ne sont pas exactement les charges piézométriques mesurées mais la
différence entre les charges piézométriques et une charge piézométrique de
référence égale à 26kPa ) xj les différents
paramètres à caler
aij la
donnée météorologique de type j mesuré au jour j
n
le nombre de jours fixé pour le calage
m le nombre
de paramètres à caler
Pour minimiser h, il suffit d’écrire :
En considérant :
On obtient finalement : X=(tAA)-1(tAY)
avec tZ la transposée
de la matrice Z et Z-1 l’inverse de la matrice Z dans le cas
où celle-ci est inversible.
|
|
L'eau dans une pente provient de la pluie
ou des écoulements dans le sol.
Comprendre cette alimentation c'est définir
un modèle hydraulique.
Définir un modèle hydraulique
n’est pas une chose facile. Les indices de terrain
sont parfois ténus et des remises en cause sont inévitables. L’observation et le
suivi sont primordiaux même si des outils numériques peuvent être des aides
précieuses.
La coexistence de deux zones de sol, zone
saturée et zone non saturée, rend la
résolution de l’écoulement un peu plus délicate. Chaque élément de sol
peut
être en cours de saturation, c’est un accumulateur d’eau ; en cours de drainage,
il fournit de l’eau à ses voisins ; ou saturé, il est parcouru par un écoulement.
Cette modification du degré de saturation se traduit par une variation
importante de la perméabilité.
Dans ce chapitre quelques notions essentielles
sont précisées
Dans un pays tempéré comme la
France on admet que, 61% des précipitations
(neige et pluie confondues) sont soumises à l’évapotranspiration, 23% à
l’infiltration dans le sol et seulement 16% alimentent les rivières et lacs par
ruissellement.
La notion
de profil hydrique
La pluviométrie est la quantité
d'eau, par unité de temps, qu'apporte la pluie ou
la neige.
Cette pluviométrie ne peut être étudiée que sur de longues périodes. Au moins
une année pour une pente et l'on connaît ses variations entre année de
sécheresse et année pluvieuse.
Le réchauffement climatique de la
planète semble non pas modifier les apports
en eaux, mais la façon dont ils arrivent dans le temps.
Le cycle de l'eau
Le cycle de l'eau peut être illustré
par le schéma suivant (cours de
géotechnique de JP Magnan)
Sol saturé et sol non saturé
Un sol possède un volume de vides
qui peut contenir une certaine quantité
d'eau. Si ce volume des vides est plein d'eau le sol est dit saturé.
La notion de nappe
Dans un sol, l'eau est soumise à
la gravité et s'infiltre depuis la surface. A une
certaine profondeur, pour des raisons de nature de sol(sol moins perméable
par exemple), elle s'accumule dans une zone saturée dont la limite peut varier.
Cette limite, entre zone saturée et zone non saturée est appelée surface libre
de l'eau dans le sol ou nappe. Dans une pente la notion d'aquifère, zone de sol
saturé, correspond à la zone d'accumulation de l'eau.
On peut aussi définir le profil de
saturation qui est la variation de Sr en fonction
de la profondeur et qui traduit la connaissance de l'état hydrique sur une
verticale.
La pluie sur le sol
La pluie qui tombe sur le sol s'évapore,
s'infiltre ou ruisselle. Pour connaître son
influence sur la stabilité d'une pente il faut pouvoir différencier ces différents
débits et quantifier le rôle de l'eau qui s'infiltre en terme de pression
interstitielle. Les méthodes de calcul de stabilité des pentes introduisent la
valeur de la pression interstitielle dans leurs formules. Un modèle a été établi,
qui permet de calculer (voir partie calcul)
soit le profil de saturation d'un sol dans le temps, en fonction d'une
pluviométrie.
soit le temps nécessaire à une pluie suffisante pour saturer toute la couche
de sol. L'intensité de la pluie suffisante est aussi déterminée.
|
|
Pluie efficace
La pluie efficace est la quantité
d’eau qui va recharger l’aquifère , celle qui se
répercute sur la stabilité en faisant varier les limites de la zone saturée. C'est la
quantité d'eau de pluie diminuée de la quantité d’eau perdue par
évapotranspiration. Ce thème a beaucoup été étudié par les hydrologues
et par
les agronomes. Les deux principales formules reliant l’évapotranspiration d’un
sol aux conditions climatiques sont les suivantes.
La relation la plus aboutie, car résultant à la fois d’une approche expérimentale
et théorique, est l’équation de Penman- Monteih, 1981 :
avec : ET0 l’évapotranspiration
potentielle ( en mm/s )
Rn
le rayonnement net ( en W/m2)
D la pente
de la courbe de pression de vapeur à la température moyenne de
l’air ( en kPa/°C )
r la densité
de l’air à pression constante (en kg/m3 )
Cp la
capacité thermique de l’air humide (en kJ/kg/°C )
de
la différence entre la pression de vapeur saturante es et la pression
effective dans l’air ea ( en kPa )
ra la
résistance aérodynamique ( en s/m )
l
la chaleur latente de vaporisation de l’eau ( en MJ/kg )
g
la constante psychométrique ( en kPa /°C )
La seconde formule, proposée par
L.Turc en 1961 et principalement utilisée en
France est :
avec : ET0 l’évapotranspiration
de référence décadaire
t
la moyenne des températures calculée sur 10 jours (en °C )
Rg le
rayonnement global décadaire ( en cal/cm2/jour )
Les différents paramètres présentés
ci-dessus sont difficiles à obtenir pour un
lieu précis du fait du nombre relativement faible de points de mesures qui
existent. Par ailleurs, ces relations ont été développées pour les besoins des
agronomes et possèdent donc une précision qui se révèle inutile pour le
géotechnicien.
Dans de nombreux modèles on se contente
de prendre uniquement en compte
la température et la pluviométrie.
Par exemple, le calage de la courbe de
piézométrie en fonction de la
pluviométrie peut s’effectuer à partir de la relation suivante :
avec : Un la
charge hydraulique du jour n exprimée en kPa
Pn les
précipitations en mm du jour n
Pin les précipitations en mm du ième jour précédent
le jour n
Tn
la température en °C du jour n
b,gi,
les paramètres à caler
Umin la
valeur de la charge hydraulique à l’étiage, elle est définie en
fonction des différents relevés que l’on possède.
Le coefficient b traduit la vidange de
la nappe. Les coefficients g1, g2 et g3
traduisent l’apport de la pluie et le coefficient g4 traduit le rôle de
l’évapotranspiration à travers l’influence de la température.
Cette relation s’inspire donc des
formules permettant de calculer
l’évapotranspiration et des différentes publications ayant déjà abordé
le thème
des modèles de prévision pluviométrie – piézométrie.
|
|
La pluie sur le sol se traduit par de
l'eau qui s'infiltre dans le sol et de l'eau qui
ruisselle.
Comme il faut, sur un talus, minimiser
l'infiltration, on donne ici des repères
pour une maîtrise de cette infiltration.
Exemple de calcul d'eau infiltrée:
S => surface offerte à l’infiltration
k => perméabilité 10-3
m/s graves morainiques
10-4
m/s sables propres
10-5
m/s sables limoneux
10-6
m/s limons + ou - sableux
si S = 10 ha et
k = 5 x 10-6 m3/s
QI = 0.5 m3/s
QI
est une valeur potentielle, pas la réalité
Pour favoriser la
NON INFILTRATION DU RUISSELLEMENT SUPERFICIEL, il
faut :
Si : QI
débit s’infiltrant et Qc débit capable d’infiltration
alors : QI £ Qc
= kSAT
S
kSAT 10-1
m/s Pierrier,
10-2 m/s cailloux et blocs, légèrement
sableux,
10-3 m/s grave sableuse,
10-4 m/s grave sablo-limoneuse,
10-5 m/s sable molassique,
5 x 10-6 m/s éboulis
de schistes avec formes de pente non
régulières.
Pour diminuer l'infiltration,
il faut aussi:
Cas de l'infiltration dans les fossés
: attention le linéaire peut être important.
Exemples de configurations favorables
aux infiltrations
Infiltrations en remblai et déblai
Cas du remblai sur pente, très
sensible aux infiltrations et faisant parfois
office de barrage, ce qui est très défavorable.
|
|
Rappels d’hydraulique des milieux
poreux.
Dans un
sol l’eau peut être en équilibre, sans écoulement apparent, et une limite
existe entre la zone saturée et celle non saturée. Cette limite, horizontale si équilibre,
s’appelle la nappe. Elle peut être mise en évidence par un puits de petit diamètre,
un
piézomètre.
Sinon, quand
un véritable écoulement se produit dans la zone saturée, en
dessous de la nappe, l’ingénieur doit résoudre cet écoulement à l’aide
des équations
suivantes :
h
= u / gw + z, ce qui définit la charge hydraulique et u correspond à
la pression
de l’eau, la pression interstitielle. Gw est le poids spécifique de l’eau (10kN/m3),
z
une référence verticale (côte) choisie judicieusement pour des calculs plus lisibles.
v
= k i, détermine la vitesse de l’écoulement, produit du gradient i de la charge,
par la perméabilité du sol k. C’est la loi de Darcy. La perméabilité k est
difficile à
déterminer avec précision et présente un caractère anisotropique important. Du
sable à l’argile, elle varie de 10 -3 m/s à 10 -12 m/s. Pour deux
sols différents, si le
rapport de perméabilité dépasse 100, un des sols peut être considéré comme
imperméable par rapport à l’autre.
Type de sol
|
k : perméabilité
en cm/s
|
Graves
|
10 2 à 10 - 1
|
Sables
|
10 - 1 à 10 - 3
|
Limons
|
10 - 3 à 10 - 7
|
Argiles
|
10 - 7 à 10 - 11
|
Roches non fissurées
|
10 - 8 à 10 - 10
|
Tab 3 - 1 - Valeurs de perméabilité
Dh
= 0, cette équation, qui traduit la conservation de l’eau dans un sol permet
de résoudre l’écoulement, c’est à dire déterminer en tout point du domaine
la charge,
donc la vitesse et la pression interstitielle. L’écoulement peut être représenté
par ses
lignes de courant et ses équipotentielles. Cette résolution d’équations différentielles
ne peut être accomplie que si les conditions limites de l’écoulement sont connues,
ce qui est parfois très délicat et il y a souvent, de nombreuses hypothèses
simplificatrices à poser.
E
= i V gw , traduit le fait qu’un sol parcouru par un écoulement
est soumis à
des forces d’entraînement volumique. Lorsque l’écoulement est ascendant, il y
a
alors risque de renard. Le gradient critique ic = g’ / gw,
est la limite du gradient vertical
avant boulance du sol.
La coexistence de deux zones de sol, zone
saturée et zone non saturée, rend la
résolution de l’écoulement un peu plus délicate. Chaque élément de sol
peut être en
cours de saturation, c’est un accumulateur d’eau ; en cours de drainage, il fournit
de
l’eau à ses voisins ; ou saturé, il est parcouru par un écoulement. Cette
modification
du degré de saturation se traduit par une variation importante de la perméabilité.
Différents auteurs ont fourni des relations entre la perméabilité et le degré de
saturation. L’ingénieur possède ainsi des données pour ses calculs, s’il
connaît les
conditions limites à appliquer.
Cas d’une couche horizontale
soumise à la pluie.
Dans le cas d’une couche horizontale
la nappe s’établit à une certaine
profondeur et est horizontale. La zone au- dessus de la nappe est non saturée.
Une
pluie de courte durée modifie le degré de saturation de cette zone,
sans jamais atteindre la saturation, puis après la pluie l’équilibre précédent
est
retrouvé.
Une
pluie de plus longue durée va générer un front de saturation, qui à
partir de la surface du sol va rejoindre la nappe. Si comme dans la plupar des
cas, la pluie se termine bien avant que le front saturé atteigne la nappe, ce
dernier disparaît.
Une pluie de très longue durée
va générer un front de saturation qui va rejoindre
la nappe et élever d’un seul coup les pressions interstitielles, et donc
occasionner des conditions de rupture.
Profil hydrique
Profils calculés pour différentes
hypothèses sur la forme de la courbe
Cas d'un bicouche
Evolution du profil hydrique avec la
pluie (exemple)
Principes de calcul de ces profils d'équilibre
En se donnant l’allure du profil vertical de la teneur en eau, on peut déterminer le poids
Pw de la colonne d’eau ;
l’eau ayant une densité apparente variable en fonction du degré de
saturation. Le poids de la colonne d’eau peut donc s’écrire :
Nous avons essayé quatre allures du profil vertical : (cf. figure ci-dessus)
.
Avec Q la teneur en eau volumique.
En remarquant que
On obtient :
avec : a,
n et m les paramètres de Van Genuchten dépendant du sol étudié,
e l’indice des vides,
Qr
la teneur en eau volumique résiduelle,
Qs
la teneur en eau volumique à saturation,
z la cote, depuis la nappe, de la cellule dont on veut déterminer le degré
de
saturation : soit la différence entre la profondeur de la nappe et la profondeur
de la cellule étudiée.
Le profil vertical est obtenu à partir de bornes définies comme suit
:
Le principe retenu pour obtenir l’état d’équilibre entre
les forces de succion et le poids
de la colonne d’eau soulevée consiste à faire décroître h1 (et par conséquent
la position de
B) depuis hw jusqu’à la nappe. A chaque itération on détermine le poids de l’eau
maintenue dans le sol. On stoppe ces itérations lorsque l’on approche de l’équilibre :
c’est-
à-dire lorsque le poids de la colonne d’eau a même valeur que les forces de succion.
En superposant les quatre courbes obtenues (voir ci-dessus), on peut vérifier
qu’elles
fournissent des profils cohérents, même si certains ont des allures totalement différentes.
Comme nous l’avons introduit précédemment, deux approches peuvent être
envisagées, à partir du même modèle :
L’objectif est d’évaluer le comportement d’un sol pendant
un temps donné, soumis à
une pluie donnée. Il est nécessaire de fournir un graphe de pluie en fonction du temps. A
partir de t0, on va donner une intensité de pluie pour plusieurs intervalles de temps. Le
modèle établit ensuite l’évolution du taux de saturation en fonction du temps et
de la
profondeur.
Comme cela a été écrit en introduction, lorsque le front de saturation
atteint la nappe,
il peut y avoir rupture par instabilité de la pente étudiée. En effet, lorsque l’eau
occupe tous
les vides, il y a continuité entre tous ces vides, et la pression interstitielle augmente alors
brusquement du poids de la colonne d’eau située au-dessus de la couche considérée.
C’est pourquoi, une exploitation possible de ce modèle est de déterminer
le temps
nécessaire pour saturer entièrement la zone située au-dessus de la nappe.
Par rapport à l’approche précédente, on ne va plus soumettre
le sol à des
précipitations en fonction d’intervalles de temps, mais on va faire en sorte de maintenir
saturée la première couche de sol pendant le temps nécessaire au front d’infiltration
pour
atteindre la nappe. Il suffit alors de calculer cette valeur de temps.
On obtient ainsi, en cas de forte pluie, le temps nécessaire à un accroissement
soudain
de la pression interstitielle.
Rappels
sur la perméabilité, la succion et la loi de
Darcy
Quand un sol est non saturé, la diminution de la teneur en eau correspond à un
amincissement des pellicules d’eau adsorbées et par conséquent à un accroissement
des
forces retenant l’eau dans le squelette du sol. La perméabilité d’un sol (l’opposition
plus ou
moins forte aux déplacements de l’eau dans le sol) dépend donc de sa teneur en eau.
La loi de comportement adoptée pour décrire les variations du coefficient
de
perméabilité en fonction de la saturation est, pour notre modèle, celle définie
par S. Irmay :
avec : a et a des
constantes dépendantes du type de sol,
e l’indice des vides,
Sru le degré de saturation résiduel.
Dans la littérature, nous avons pu trouver l’allure de courbes liant
les pressions
internes du sol au degré de saturation.
Aussi, nous avons pris en compte ce phénomène d’hystérésis
en utilisant comme
borne inférieure du degré de saturation du sol la teneur en eau initiale en cas d’assèchement
du sol étudié.
Elle nous donne la quantité d’eau minimale, pour une profondeur donnée,
que le sol
peut contenir : nous sommes alors sur la courbe de drainage du sol .
Nous allons maintenant augmenter le taux de saturation de la partie de sol en
surface :
nous allons basculer sur la courbe d’humidification.
L’eau va ensuite s’écouler jusqu’à la nappe en augmentant
la saturation de toutes les
tranches de sol . On va alors utiliser la courbe d’humidification.
Lorsque la pluie va s’arrêter, les différents éléments
de sol vont tenter de retrouver
leur état d’équilibre en drainant l’eau qu’ils contiennent vers les éléments
inférieurs. Lorsque
la courbe d’humidification va croiser la courbe de drainage, l’écoulement va s’arrêter
puisque les forces de succion seront assez importantes pour maintenir cette eau dans le sol.
On aura alors retrouvé la courbe de drainage de l’état initial .
Pour notre modèle, nous avons choisi d’utiliser la courbe d’humidification
pour
déterminer les forces de succion, puisque la courbe de drainage sert juste de point d’arrêt à
l’humidification. On peut donc connaître les efforts de succion pour chaque élément
en
fonction de l’évolution de son taux de saturation.
Andrei a établi une expression analytique de la courbe de rétention ‘‘hs = f(w)’’
valable pour approximativement tous les types de sols :
avec : c et b des constantes, Andrei propose b =
4.92 et c = 5.511,
whm la teneur en eau d’hygroscopicité
maximale, c’est-à- dire la proportion d’eau
liée : il s’agit de l’eau ‘‘attachée’’ à
la surface des grains par le jeu des forces d’attraction
moléculaire,
hs la succion en cm d’eau
A la fin du XIXème siècle, Henry Darcy a proposé une relation
expérimentale
décrivant le débit d’eau Q s’écoulant à travers un massif de
sable à partir de la section A du
massif sableux, de la perte de charge Dh de l’eau entre le sommet et la base du massif,
d’une constante K dépendant du milieux poreux et de l’épaisseur L
du massif :
Le remplacement de la vitesse réelle par la vitesse de décharge (Q/A)
simplifie
grandement les calculs puisque s’agissant d’une vitesse moyenne, on ne tient pas compte
du
trajet exact de l’écoulement, puisque l’on considère que l’eau occupe tout
le volume affecté
à l’écoulement, sans tenir compte de celui occupé par le sol lui-même. Cette
approximation
peut être faite sans risque au vu du rôle négligeable de l’énergie cinétique.
Le paramètre K a été baptisé coefficient de perméabilité
par les hydrogéologues et
mobilité par les mécaniciens et a la dimension d’une vitesse. Afin de s’affranchir
des
caractéristiques du fluide, on a défini la perméabilité intrinsèque,
relative à un milieu
poreux.
Avec de l’eau comme fluide, nous avons : k = 10 -7 * K
Cette perméabilité intrinsèque ki est fonction de la saturation
du milieu en fluide i : plus
la portion du milieu poreux occupée par le fluide i sera grande, plus la perméabilité
liée à ce
fluide sera grande.
En dessous d’une certaine saturation limite, la phase eau n’est plus
continue et la
perméabilité à l’eau est nulle. On peut noter que la somme des perméabilités
intrinsèques
des deux fluides n’est pas constante : chacun des fluides gêne l’autre dans son
déplacement.
Une hypothèse concerne l’immobilité de la phase air. Lors
d’un écoulement, l’eau
occupe petit à petit les vides remplis d’air du sol. Cet écoulement de l’eau dans
le sol est
freiné par le déplacement inverse de l’air (et/ou de la vapeur d’eau) emprisonné(e)
dans ces
mêmes pores. Nous avons néanmoins considéré que seule la phase eau se déplaçait
dans le
sol.
Les trajectoires réelles de l’eau dans le sol sont vraisemblablement
tortueuses, mais
d’un point de vue macroscopique, on peut supposer que tous les filets liquides sont
rectilignes et parallèles à l’axe de la conduite. On est alors amené à définir
les tubes de
courant, véritables conduits élémentaires dont la juxtaposition reconstitue la conduite.
Les écoulements de l’eau dans le sol peuvent être évalués
par la Loi de Darcy
généralisée: v = k* i
avec : v la vitesse de décharge, c’est-à-dire
le rapport du débit observé q à la
surface totale A de la section droite de l’élément considéré (dans
notre cas, on
se rapporte à une surface unitaire d’1 m²),
k le
coefficient de perméabilité, homogène à une vitesse et dépendant à la
fois
du milieu poreux et du fluide,
i le gradient hydraulique : variation de charge pour une variation dz
d’abscisse dans le
sens du courant : i = dh / dz
Généralement, on écrit le potentiel gravitationnel comme suit
:
Pour des écoulements sur la verticale, la loi de Darcy devient :
avec : Dhg
la différence de potentiel due aux forces de gravité,
Dhs
la différence de potentiel due aux forces de succion,
Dz
la longueur de la ligne de courant entre les points considérés.
Dans le cas de l’infiltration de l’eau dans un sol non saturé,
la succion de la zone située
au- dessous du front d’infiltration s’ajoute au potentiel gravitationnel : d’où
le signe ‘‘+’’
entre les potentiels dans l’expression
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Le
29 juin 1999, les Japonais ont assisté à de nombreux désordres suite à
des précipitations exceptionnelles autour des villes d’Hiroshima et de Kure. En
moins de douze heures, se sont produits pas moins de 1616 glissements de
terrains, entraînant la mort de 32 personnes et ensevelissant plus de 4700
habitations [1].
Sasaki Y., Moriwaki T., Kano S. Rainfall
index for warning against slope failure
disaster. Hiroshima University, Japan
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