3. Cas des remblais sur fontis
  • Remblai sur fontis
Dans les régions de sols karstiques, solubles (gypse) ou comportant des risques d’effondrements localisés dus à la présence de cavités souterraines (carrières abandonnées, anciennes mines), des désordres en surfaces peuvent apparaître (affaissement, mise à jour de fontis) et engendrer, souvent brutalement, des dégâts au bâti et aux infrastructures routières ou ferroviaires.
Pour parer un tel risque deux méthodes existent. La première, la méthode active, consiste à repérer les cavités risquant de s’effondrer par le biais des techniques de reconnaissance vues précédemment et de combler le vide pour éviter sa remontée jusqu’à la surface (mise à jour du fontis, ou affaissement localisé). Cependant, cette solution est très onéreuse (utilisation des méthodes de reconnaissance sur un terrain pouvant être très vaste) et la détection des cavités souterraines, d’origine naturelle ou anthropique, n’est pas fiable à 100% quelle que soit la position et la taille des vides, d’autant plus que ceux-ci peuvent se trouver à grande profondeur.
La seconde méthode, méthode passive, consiste à renforcer les assises routières et ferroviaires par une nappe géosynthétique de forte rigidité placée à leurs bases. Cette solution permet de limiter, dans l’éventualité d’un effondrement du sol sous le remblai d’assise, les déformations de surface à des valeurs admissibles permettant une traficabilité acceptable jusqu’à ce qu’une réparation définitive puisse être effectuée. La brutalité de l’effondrement est aussi diminuée en minimisant sa portée, permettant ainsi de disposer d’un délai suffisant pour traiter le problème. Les nappes de géotextiles reprennent alors temporairement et sans trop de déformations la charge du remblai. C’est cette méthode que nous nous proposons d’étudier ici.
La première phase du dimensionnement est une phase de concertation avec les géologues pour permettre de déterminer la taille probable du fontis. Cette détermination s’appuie sur l’observation de la formation géologique et l’étude des fontis présents. Une approche statistique peut venir confirmer le résultat obtenu. Ce dispositif concerne des effondrements de faibles ampleurs se rapportant à des cavités de petit diamètre (diamètre maximal de l’ordre de 4 m) situées à moyenne et grande profondeurs (ce qui complique leur localisation à l’heure actuelle).
Il est aussi nécessaire de connaître le poids du remblai qui va être mis en œuvre au dessus de la surface du fontis (force de poinçonnement) et les caractéristiques des géotextiles pouvant être utilisés pour le renforcement.
Le principe général du renforcement est le suivant :
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Figure 11 : Principe du renforcement d'un remblai sur fontis (d'après J.C. Blivet)
g, j et c’ sont les caractéristiques du matériaux de remblai (respectivement le poids volumique, l’angle de frottement et la cohésion). J et Tf sont respectivement la rigidité et la résistance en traction du géotextile.
On suppose la cavité circulaire de diamètre B (conditions axisymétriques) et de longueur infinie et de largeur B (conditions de déformations planes). Le diamètre B de la cavité est obtenu à l’issue de l’analyse géologique et à partir de l’expérience géologique régionale.
Lorsque l’effondrement se produit, le géotextile se déforme comme une membrane (uniquement en tension) :
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Figure 12 : Déformation du géosynthétique (d'après J.C. Blivet)
Bs est le diamètre du sol en surface, dg la flèche du géotextile et ds la déflection à la surface du remblai.
Un équilibre est alors atteint.
On a le schéma des forces suivant au niveau du géotextile :
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Figure 13 : Schéma des forces au niveau du géosynthétique (d'après J.C. Blivet)
La charge q sur le géosynthétique dépend du comportement du sol de remblai. En première approche, on suppose la charge q est verticale et uniforme (q = sv).
L’hypothèse d’une déformation parabolique du géotextile est aussi prise ici.
Le dimensionnement doit fournir la résistance en traction Tf et la rigidité J que doit avoir le géotextile de renforcement pour que l’équilibre soit atteint. Les données d’entrée étant la géométrie du remblai et la déflection admissible à la surface du remblai.