1. Le phénomène fontis
  • Présentation du phénomène

Avant la création du corps de l’Inspection Générale des Carrières en 1777, les carrières n’étaient soumises à aucune surveillance. De nombreux effondrements se sont produits aux 17ème et 18ème siècles dans les exploitations abandonnées dus à des fontis.
Le fontis est un phénomène évolutif qui prend naissance lorsque le "ciel" (plafond) d’une cavité souterraine, pas ou peu consolidée (par des piliers d'exploitation ou de confortation), s’effondre progressivement pour former un cône d’éboulis. Le "ciel" tombe en plaques, il se forme une excavation, le fontis, qui se développe peu à peu jusqu’à la surface. On dit alors que le fontis vient au jour. Ce phénomène est aggravé par les infiltrations d'eau (pluie, canalisations percées...) qui accélèrent le procédé de formation. Avec la rupture du toit de la cavité, la remontée de la voûte se propage et on assiste à la formation d’une cloche de fontis. Si le vide est suffisamment proche de la surface, celle-ci peut atteindre le jour et provoquer un effondrement localisé des terrains.
Voici un schéma explicatif du processus de formation d’un fontis :
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Figure 3 : Processus de formation d'un fontis
La remontée de la cloche peut s’étaler sur une période très longue. Cependant, une fois que celle-ci atteint les terrains "mobilisables" (terrains proches de la surface, en gris clair sur la figure ci-dessus), l’effondrement se propage brutalement vers la surface en formant un cône d’effondrement dont l’angle dépend de la stabilité de ces terrains.
Ce phénomène se manifeste en surface brusquement et ne donne pas de signes avant- coureurs perceptibles. Il est dans certains cas possible d’inspecter l’intérieur des cavités concernées et une surveillance régulière du toit de ces cavités peut permettre de constater le début de formation d’une cloche de fontis et d’anticiper ainsi le phénomène. Les dimensions d’un fontis peuvent varier fortement (diamètres allant du mètre à plusieurs dizaines de mètres) et dépendent de la configuration du vide présent.
  • Reconnaissance géologique des fontis
    • Origine des cavités
Le sous-sol contient un nombre incalculable de cavités souterraines naturelles ou liées aux activités humaines qui, une fois abandonnées ou oubliées, représentent un risque potentiel d’effondrement et donc de danger. On en recense généralement un grand nombre en milieu urbain et les départements de Lorraine, de Picardie, de Normandie et du val de Loire sont, entre autres, particulièrement concernés et les dangers de ces cavités y sont désormais considérés comme majeurs.
Les fontis ont principalement quatre origines différentes :
  • Les ouvrages militaires de la Grande Guerre
On retrouve beaucoup de cavités, essentiellement dans le Nord-Est, provenant d’anciennes sapes militaires de la guerre de 14-18 (dépôts d’armes, tunnels stratégiques, abris...). Après la guerre, les abris et tranchées ont été la plupart du temps rebouché sans précautions particulières (pas de compactage du sol) et parfois seulement partiellement. On a deux risques : effondrement du toit d’un abri ou "écoulement" des limons peu compacts de remplissage des tranchées vers ces abris, sous l’effet d’une infiltration d’eau. Une connaissance de la position des abris est donc nécessaire pour évaluer ce risque. Cependant, les documents existants ne permettent pas de tous les connaître et leur précision reste insuffisante. Il faut donc avoir recours à d’autres méthodes de reconnaissance pour les localiser (voir ci- après).
Par ailleurs, le volume et la hauteur de ces abris sont connus et ils nous permettent ainsi de tester les méthodes de reconnaissance.
  • Les anciennes exploitations
On observe deux types d’exploitations : les carrières dans lesquelles la craie était exploitée comme matériau de construction pour la chaux, pour le raffinage du sucre ou pour les phosphates et les marnières, creusées par les paysans pour extraire la craie afin d’amender les terres. Ces exploitations sont d’importance très variable et leur localisation est inconnue. Elles ont généralement une grande profondeur (toit dans la craie avec une épaisseur minimum de craie de 3m) ce qui les rend très difficile à localiser. Elles apparaissent au sol par effondrement soit de leur toit (fontis de plusieurs mètres de diamètre), soit de leur puit d’accès (diamètre du fontis de l’ordre du mètre). La nature géologique de la craie, la position de la nappe ou la proximité d’un lieu de consommation (village, four à chaux, sucrerie) sont autant d’indices indiquant une forte probabilité de présence d’une telle exploitation abandonnée et, en conséquence, d’un risque de fontis. Comme pour les ouvrages militaires, un indice de présomption de présence de cavité peut être défini.
  • Les souterrains refuges
De tout temps l’homme a cherché à creuser et à se protéger dans des abris. On retrouve des traces de galeries et de cavités souterraines abandonnées dans beaucoup de villages. Ce sont les vestiges d’un passé tourmenté.
  • Les cavités naturelles
Sous l’action de l’eau chargée en gaz carbonique qui dissout le calcaire, la craie ou le gypse, de nombreuses cavités naturelles sont créées. On observe aussi des poches de dissolution remplies de limon dans la craie, dues à l’irrégularité du contact craie/limon. La circulation d’eau peu aussi élargir des fractures en profondeur entraînant les limons qui les remplissent et créant ainsi des fontis en surface par les infiltrations. Ce phénomène se retrouve principalement au niveau des vallées sèches.