3.2 Modification des paramètres du sol
Les approches à partir des modifications du comportement du sol dépendent du phénomène auquel on s'intéresse. On trouve :
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             Evaluation des surpressions interstitielles. (sables et limons)
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           Evaluation du ramollissement en fonction du nombre de cycles
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           Effet du pré-cisaillement sur la résistance d’un sol sableux.
Ces méthodes sont appelées à être plus utilisées car les règlements de construction intègrent de plus en plus des conditions parasismiques à vérifier. (Faure et al., 1996)
Prise en compte de la liquéfaction.
     Lorsqu'un sol est soumis à un séisme, les sollicitations sismiques sont extrêmement rapides. La perméabilité des sols n'est en général pas suffisante pour permettre un drainage, le comportement est non drainé. Le volume d'eau dans le sol reste donc constant au cours du séisme, pendant que le sol varie en volume. Si le sol a tendance à se contracter, les vides diminuent de volume et donc cherchent à expulser l'eau de leurs pores. Il en résulte une surpression interstitielle positive. Cette génération de pressions interstitielles entraîne une diminution de la contrainte effective. Pour les sables, si cette contrainte s'annule, la résistance au cisaillement devient elle aussi nulle et le comportement est identique à celui d'un fluide, il y a liquéfaction du sol. Dans la majorité des cas, le glissement apparaît après le séisme.
     Dans les méthodes pseudo-statiques actuelles, cette partie du comportement des sols est totalement occultée puisque la pression interstitielle u est calculée de manière hydrostatique et est prise constante. Afin de tenir compte de la variation de pression interstitielle une étude réalisée par l’école Centrale de Paris pour le barrage du Clou en Savoie peut servir d’exemple. Des essais triaxiaux, avec mesure de le pression interstitielle, ont été réalisés sur des échantillons de sable et d'argile constituant le barrage. Les résultats sont représentés par deux graphes qui relient l'accroissement de pression interstitielle avec le nombre de cycles de sollicitations, l'état de contrainte dans le sol et le déviateur de cisaillement (en abscisse N le nombre de cycles, en ordonnée le rapport du déviateur de cisaillement sur la contrainte effective  ). .
     Pour exploiter ces résultats, il faut utiliser la notion de sollicitations équivalentes à un séisme, développée par les chercheurs californiens. Le nombre de cycles équivalent est ainsi un paramètre relié à la magnitude du séisme et le cisaillement équivalent est fonction de l'accélération maximale du séisme.
Détermination des pressions interstitielles induites par un séisme.(voir figures du haut)
     La méthode des perturbations qui fournit, par un premier calcul en statique une bonne approximation des contraintes permet l’interpolation du paramètre Du dans les tableaux fournis. Une fois la détermination de l'accroissement de pression interstitielle effectuée, un calcul est réalisé en statique avec comme nouvelle valeur de la pression interstitielle la somme de la pression hydrostatique et de l'accroissement précédemment obtenu. Le coefficient de sécurité est, bien sûr, plus faible.
Les courbes expérimentales du barrage du Clou ont été utilisées et sont présentées ci- dessus, mais il est possible de déterminer d’autres courbes expérimentales pour le sol que l'on désire étudier.
Autres effets.
     Des études récentes du comportement des sols sous sollicitations sismiques ont permis de mettre en évidence un certain nombre de caractéristiques propres au comportement cyclique par rapport au comportement statique. En effet, la résistance au cisaillement cyclique d'un sol n'est jamais égale à sa résistance statique. Divers facteurs la modifient, les plus importants sont l'effet de fatigue, l'effet du taux de déformation et l'effet du précisaillement.
     L'effet de fatigue traduit le fait que la résistance au cisaillement diminue avec le nombre de cycle de sollicitations. L'accumulation de cycles d'amplitude inférieure à la résistance statique peut ainsi causer la rupture.
     L'effet du taux de déformation ou effet de fréquence n'est visible que pour les argiles sollicitées à haute fréquence quand la vitesse de sollicitation est considérablement plus élevée que pour des essais monotones. Par exemple, Lefebvre et Pfendler (1991) ont réalisé des essais cycliques et monotones de cisaillement simple à volume constant sur des échantillons d'argile. Les essais monotones ont été effectués à un taux de déformation angulaire constant de 2.1%/h, pour les essais cycliques avec une amplitude cyclique suffisante pour provoquer la rupture du sol lors du premier cycle le taux de déformation atteignit 4000%/h, 2000 fois plus que pour les essais monotones. Une augmentation du taux de déformation augmente la résistance cyclique. On note une hausse de 12 % de la résistance en moyenne à chaque fois que le taux de déformation est multiplié par 10. Cet effet traduit le fait que la résistance augmente lorsque la sollicitation est rapide.
     L'effet du pré-cisaillement, enfin, se manifeste par le fait que la résistance cyclique au cisaillement non drainé est sensible à l'état initial des contraintes de cisaillement dans le sol. Dans le cas de l'argile un pré-cisaillement diminue la résistance cyclique, il en est de même dans le cas des sables lâches mais il l'augmente pour un sable dense. Cet effet a fait l'objet d'une étude récente par Lefebvre et al. (1991, 1993).
     Faure et al. présentent deux modes de calcul prenant en compte ces aspects ont été élaborés. Dans le premier mode de calcul, pour tenir compte du pré-cisaillement, les données introduites sont le nombre de cycles du séisme et la valeur du coefficient sismique. L'état de cisaillement initial du sol est obtenu directement par le programme par l’usage de la méthode des perturbations en calcul statique. La nouvelle valeur de la résistance à prendre en compte le long de la courbe de rupture est obtenue à l'aide des courbes expérimentales de Lefebvre et Pfendler (1991) pour les argiles  et Lefebvre et Rahal (1993) pour les sables.
     Dans le second mode de calcul, les données nécessaires sont aussi le nombre de cycles du séisme et la valeur du coefficient sismique. A l'aide de courbes expérimentales comme celle d' Andersen et al (1976). pour l'argile de Drammen  ou celle de DeAlba et al (1976) pour un sable, il est possible de déterminer les nouvelles valeurs de la résistance à prendre en compte le long de la courbe de rupture. Le calcul est ensuite effectué avec des conditions post-sismiques c'est à dire avec un coefficient sismique nul (statique) et des paramètres de résistance modifiés. L’endommagement du sol est ainsi pris en compte.
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Argile de Drammen
Chute de la résistance non drainée suivant le nombre de cycles.
     Ces aspects seront présentés plus loin à travers deux exemples de talus ayant connus un glissement suite à un tremblement de terre: Il s'agit du talus de Sainte-Thècle au Québec soumis au tremblement de terre du Saguenay en 1988 et du talus amont du barrage de San Fernando ayant glissé après le séisme de Californie en 1971.