4.2 Méthodes aux éléments finis
En sollicitation cyclique, le diagramme contrainte déformation en cisaillement du sol présente une courbe avec hystérésis, donc avec dissipation d’énergie. On peut alors modéliser le sol de deux façons :
     1) On pratique d’abord une analyse linéaire avec un module de cisaillement effectif, puis on introduit un amortissement visqueux pour modéliser la dissipation d’énergie dans le sol.
     2) On pratique une analyse non linéaire pas à pas dans le temps avec variation des paramètres à chaque pas.
Réalisées avec minutie, ces deux approches sont très lourdes en calcul. Des raccourcis ont été proposés.
Hardin et Drnevich (1972) utilisent un modèle hyperbolique (fig 5 - 11) et posent
G / Gmax = 1 / (1 + g / gr ).
En écrivant G = Gmax / (1 + gh) ils expriment gh par gh = g / gr ) ( 1 + a e -b(g/ gr))
Fig 5 - 11 - Modèle hyperbolique et ses paramètres.
Les valeurs a et b sont données dans le tableau suivant.
Type de sol
Valeur de a
valeur de b
Valeur de a1
valeur de b1
Sable sec et propre
-0.5
0.16
0.6(N -1/6) - 1
1 - N -1/2
Sable propre saturé
-0.2 log10 N
0.16
0.54(N -1/6) - 0.9
0.65 -0.65 N -1/2
Sol cohésif saturé
1+ 0.25 log10 N
1.3
1+ 0.2 f0.5
0.2 f (e -s’m) + 2.25 sm + 0.3 log10 N
Tableau 5 - 2  Valeurs des paramètres des formules de Hardin et al.
En fait ce modèle s’appuie sur les paramètres Gmax et tult. Gmax représentant le module en très petites déformations des mesures de vitesses d’ondes de cisaillement sont toutes indiquées. Ce sont les méthodes de cross hole, down hole décrites au chapitre 9. Des corrélations ont aussi été établies. Seed et Idriss (1970) proposent pour le sable :
Gmax = 21.7( 0.62 Dr + 15) Pa (sm / Pa) 0.5
Hardin et al (1970) proposent une formule plus complète pour le sable et l’argile :
Gmax = 314 {(2.973 - e)2 / (1 + e)} OCR k Pa(sm / Pa) 0.5
sm est la contrainte principale effective moyenne, Pa la pression atmosphérique, e l’indice des vides, OCR le coefficient de surconsolidation et k un coefficient qui dépend de l’indice de plasticité. (Tableau 5 - 3)
Indice de plasticité du sol
Valeur de k
0
0
20
0.18
40
0.30
60
0.41
80
0.48
>100
0.5
Tab 5 - 3 Valeur de l’exposant k, formule de Hardin et al.
La résistance ultime est fournie par l’équation de Coulomb avec comme valeur de contrainte normale, la plus faible des contraintes s’appliquant sur un élément de sol soit K0 sv0.
L’amortissement visqueux est aussi quantifié par Hardin et al (1972).
Ils écrivent z = zmax (1 - G / Gmax). Comme précédemment en posant gh = g / gr  ils obtiennent : gh = g / gr ) ( 1 + a1 e -b1(g/ gr)). Les valeurs de a1 et b1 sont fournies dans le tableau 5 - 2.
Ceci fournit l’accélérogramme à la surface du sol et le spectre de réponse qui détermine les charges sismiques. On obtient aussi les valeurs maximales des contraintes et des déformations qui permettent de vérifier le risque de liquéfaction.
Historiquement d’autres approches plus sommaires existent et peuvent parfois donner des résultats informatifs.
a) Approche de Seed.
Dès 1966, Seed utilise pour des sols saturés homogènes la méthode des éléments finis pour calculer le déplacement d’un ouvrage, sans faire d’hypothèse sur la ligne de rupture potentielle. La méthode de Seed a été théorisée et en 1986 Guy Lefèbvre en résume les différentes étapes :
          1) Spécification de l’accélérogramme de base.
          2) Sélection et définition des sections qui doivent être analysées.
          3) Détermination des propriétés statiques et dynamiques des pentes.
          4) Détermination des contraintes statiques in situ avant le séisme.
          5) Calculer par éléments finis les contraintes dynamiques induites par l’accélérogramme de base.
          6) Convertir les cycles irréguliers en cycles réguliers équivalents.
          7) Soumettre un certain nombre d’échantillons des sols à ces sollicitations équivalentes.
          8) Comparer réponses du sol et sollicitations in situ pour évaluer un coefficient de sécurité, un déplacement, une déformation.
b) Analyse en contraintes effectives.
Un modèle de prédiction des pressions interstitielles est utilisé. On obtient ru en tout point et l’on poursuit l’analyse de stabilité. La faiblesse d’expression de ces modèles de prédiction est importante, trop de paramètres sont négligés.
c) Expression d’un potentiel de liquéfaction.
Seed et Idriss compare la résistance au cisaillement cyclique non drainée avec la contrainte de cisaillement engendrée par le séisme. La contrainte de cisaillement due au séisme est évaluée par la formule t = 0.65 (g h / g) amax rd
avec amax accélération maximale du sol en surface, rd coefficient d’amortissement (<1) fonction de la profondeur h.(par exemple rd = 1 - 0.0015 h)
amax peut être évalué par la formule suivante amax = 18.4 (100.302M) D-0.8    (Tatsuoka,    )
D’autre part le rapport t / sv est lié par des relations empiriques à la densité relative Dr ou à des valeurs du SPT.
Comme on le voit les approches sont multiples et montrent le différentes facettes d’une modélisation délicate.