2. Polymères
Généralités sur les polymèresPour le lecteur habitué aux techniques du Génie Civil, le terme "polymère" signifie (très souvent) produits de type "EPOXY" - "POLYURETHANNE" - "POLYESTER" - etc. En réalité, on regroupe sous ce terme l'ensemble des produits dont les matières premières de base sont constituées de polymères, au sens chimique du terme. La consommation européenne de ces produits (au niveau des matières premières) sont de l'ordre de 10'000 à 50'000 tonnes/an selon les familles de produits. Il faut encore ajouter que des produits industriels à base de polymères préfabriqués en usine sont, aujourd'hui, très utilisés dans le Génie Civil (le plus important: feuille de PVC) mais ce domaine nécessiterait un document spécifique.
L'utilisation, dans le Génie Civil, de tous ces polymères, est relativement récente par rapport à l'origine du béton. Les premières grandes applications ont été réalisées dans le début des années 60, dans le cadre de réparations et/ou de remise en état, avant d'être envisagées en travaux neufs. Il faut préciser que ces applications de polymères réels (formulations entièrement composées de produits de synthèse) avaient été précédées par des emplois de produits naturels (goudron de houille - bitumes, etc.) dopés et/ou améliorés avec des polymères de synthèse.
S'il est évident que le béton représente le meilleur matériau de construction, sur le plan du rapport prix/performances, il est non moins certain que l'on ne peut pas le laisser tel qu'il a été construit sans courir le risque de le voir se dégrader avec le temps. Ceci est d'autant plus nécessaire, en fonction des analyses récentes, que cette dégradation est plus rapide aujourd'hui qu'il y a 15 ou 20 ans et, a fortiori, il y a 50 ans.
Cette dégradation est due, dans la plupart des cas, à l'action d'un (de deux ou  de trois) des phénomènes suivants :
Carbonatation du béton, qui transforme celui-ci, par la réaction de modification de la chaux du ciment (Ca(OH)2), en carbonate de calcium (CO3 Ca). Cette modification amène un changement de pH (de 10.5/11 à 9) qui ne protège plus les armatures du béton armé de la corrosion (la passivation des aciers, par l'alcalinité du béton, fonctionne jusqu'à pH 9.5).
Réaction "alcali-granulat", dont l'origne est l'absence de granulats roulés. On utilise actuellement beaucoup, voire complètement, des granulats concassés pour fabriquer du béton. Autrefois, on utilisait des agrégats roulés. Ceux-ci avaient eu le temps de perdre leurs sels (en fait leurs ions) alcalins, alors que, pour les agrégats concassés, ce "traitement", dû au temps, n'a pas eu lieu. Cet état provoque, de façon efficace bien que lente, une réaction entre les ions alcalins des agrégats et certaines formes de silice générant des gels expansifs, d'où destruction localisée du béton.
Action de délavage, engendrée par l'eau de pluie (toujours acide) sous ses diverses formes :petites pluies très dissolvantes, gros orages avec probablement des phénomènes électriques, neige pouvant se tranformer en glace, etc.
La vitesse de ces réactions (séparées ou conjuguées) est fonction de:
     - la qualité du béton (vitesse rapide si le béton est de qualité médiocre -     donc Rés. compr. et Rés. traction/flexion  faibles), - son étanchéité (nids de graviers - fissures etc.),
     - l'épaisseur de recouvrement des armatures (min.2/3 cm ou e>1.8 D),
     - la protection contre les conditions météorologiques extérieures.
C'est donc cet ensemble de paramètres qui doit être pris en compte, au niveau de la physico- chimie des matériaux, pour définir correctement l'emploi des polymères dans le Génie Civil.
Avant de donner des précisions sur les polymères et leurs applications, il faut préciser deux notions absolument fondamentales :
1) Ce ne sont pas les polymères utilisés, malgré le niveau très élevé de leurs performances, qui résoudront les faiblesses de certains supports "béton armé".
2) C'est l'ensemble SUPPORT CONFORME + FORMULATION POLYMERE ADAPTEE qui permettra d'obtenir un bon résultat.
D'autre part, cette définition n'est valable que dans la mesure où l'application de la formule adaptée sera réalisée dans les règles définies par le formulateur, qui doivent être en conformité avec les exigences des règlements en vigueur tels : DTU (Document Technique Unifié) ou STER (Service Technique d'Etude des Routes).
C'est donc SUPPORT CONFORME + FORMULATION ADAPTEE + BONNE APPLICATION (définie par les fiches techniques des fournissuers) qui engendrera le bon résultat global.
Ces précisions sont nécessaires, aujourd'hui , où de nombreuses sociétés se sont intitulées applicateurs, alors que leur niveau de compétences est relatif. Il serait bon de suivre, dans ce domaine, les contraintes de qualifications des entreprises prévues par les grandes administrations françaises (par exemple SNCF- Ponts et Chaussées).