Travaux neufs Caution
Un polymère organique (il existe des polymères minéraux) est un composé macromoléculaire résultant de "soudures" effectuées à partir de doubles ou triples liaisons (généralement carbone- carbone) sous l'influence de divers facteurs (catalyseurs / accélérateurs - pression - température, etc.).
La réaction de formation sur site du (ou des) polymère(s) est la polymérisation. Cette polymérisation peut se subdiviser en "polyaddition" (polymérisation par addition entre deux composés, sans élimination de produits annexes) ou en "polycondensation" (réaction entre les fonctions chimiques existantes avec élimination de composés, dont le plus courant est l'eau).
Par ailleurs, il faut préciser que les polymères, une fois polymérisés, présentent des performances et caractéristiques qui sont la conséquence directe de la structure moléculaire que l'on a réussi à obtenir. Cela signifie que la maîtrise des paramètres de polymérisation (choix des composants réactifs, température de mise en oeuvre et qualité du mélange des deux composants) amènera au résultat escompté.
POLYMERES APPLIQUES SUR SITE, EN GENIE CIVILLes polymères utilisés, appliqués sur site (en excluant des matériaux préfabriqués), rentrent dans une des catégories ci-dessous:
époxydique (réaction entre un époxyde et une amine),
polyuréthanne (réaction entre un polyol et un isocyanate),
polyester (réaction de polycondensation avec catalyseur et accélérateur),
caoutchouc polysulfure (Thiokol - marque déposée),
silicone,
acrylique sous ses différentes formes.
Il y a quelques applications avec d'autres polymères mais dont les expériences sont trop récentes pour être significatives.
Ponts
Ponts (étanchéité, protection anti-corrosion)
Ce domaine a été celui du développement de mélanges initiaux composés de produits naturels (essentiellement le brai) auxquels on additionnait des polymères de type époxy ou polyuréthanne. Les valeurs demandées par les Maîtres d'Ouvrages, pour définir les performances de ces sytèmes, étaient celles des produits naturels utilisés antérieurement. Lorsque les polymères furent utilisés, seul le niveau de performances (entre autres adhérence et souplesse) fut identique à celui des produits naturels modifiés. A partir de 1975, les organes de contrôle augmentèrent le niveau de ces valeurs pour qu'elles soient plus appropriées par rapport à la réalité des propriétés des formules mises en application.
Aujourd'hui, les ponts dépendent, dans la très grande majorité des cas, de l'Administration des Ponts et Chaussées, qui a rédigé un document (STER 88, remis à jour de façon régulière et dans lequel sont définis tous les types d'étanchéité)
Dans ce domaine, les polymères utilisés sont:
Les Epoxydes et les Polyuréthannes, dans les formules contenant des bitumes ou des brais. Ils sont nommés "Brai-Epoxy" ou "Brai- Polyuréthanne".
Les Polyuréthannes seuls, formulés (sans solvant) sous forme de deux composants contenant les polymères de base (Polyol et Isocyanate) additionnés de charges minérales, agents de formulation et pigments permettant d'obtenir des produits colorés dont les caractéristiques sont citées plus haut, et dont l'essentiel est :
- Adhérence au béton       (en cas de tests on doit arracher la couche surperficielle du béton).
- Allongement à la rupture          (de l'ordre de 75/100%).- Résistance à la fissure de       1 mm à 20°C et 0.3 mm à -10°C
- Résistance au choc thermique :      200 ° C (supporte un enrobé routier mis en place à 160/180 °C).
Ces produits sont couverts par des systèmes de garantie décennale.
-Les Polyuréthannes deux composants, en phase solvant, employés en tant que peinture d'ouvrage d'art. Ils présentent des caractéristiques excellentes de résistance aux intempéries et de viellissement aux rayonnements ultraviolets. C'est également dans ce domaine que l'on trouve les meilleures formules de revêtement résistant aux graffiti. Les épaisseurs finies, sèches, sont de l'ordre de 250 à 300 microns.
Ponts BP
Ponts en béton précontraint
        (étanchéité, collage voussoirs, têtes de câbles, anti-corrosion)
Dans ce cas particulier, le problème de l'étanchéité, doit être séparé du chapitre précédent car, si l'étanchéité globale est requise, les contraintes de service et l'environnement sont différents: Il faut donc prèvoir l'étanchéité, comme pour un pont normal, mais les solutions envisagées doivent tenir compte de la technique de montage et de réalisation (entre autre le problème des joints et celui du collage des voussoirs). Il est évident, vu la nature des mouvements que doit supporter un tablier de pont en béton précontraint, que l'étanchéité devra présenter des caractéristiques de souplesse les plus élevées possibles. (les documents officiels de réglementation prévoient des caractéristiques particulières pour ces types de tabliers de ponts).
Par ailleurs, les voussoirs (éléments unitaires du pont) sont reliés entre eux par les pièces mécaniques de rappel, les câbles de précontrainte, mais également par COLLAGE à l'aide de colle époxy dont le niveau de performance se situe dans la partie "haute" des valeurs citées précédemment.
Les têtes de câbles, composées des pièces de blocages et des extrémités des torons, peuvent être protégées contre la corrosion avec des systèmes époxydiques, sans solvant, en épaisseur supérieure à 1 mm (vu le relief des pièces) et ce en lieu et place de la graisse épaisse utilisée habituellement.
On peut encore citer la protection contre la corrosion des torons proprement dit (assemblage en nombre impair de fils de 4mm de diamètre). Une expérience intéressante avait été tentée en 1976/1977 par le LCPC et la DDE Paris-Ouest pour la protection par un polymère liquide appliqué avant la mise en place des câbles. Les essais de contrôles avaient débouché sur un succès total (après 2 années de tests de corrosion intensive). Toutefois, il fallut attendre 1991 pour qu'une grande entreprise (d'origine suisse), fournisseur de produits pour le bâtiment, propose sur le marché des fers d'armature et des câbles protégés par des résines époxydiques, appliquées industriellement en atelier.
Au niveau des joints de dilatation, on rencontre également, bien que cela soit en diminution, l'utilisation de caoutchouc polysulfure (Thiokol). On préfère les joints de tabliers de ponts préfabriqués et il n'y a plus qu'une opération mécanique de montage à réaliser. Ceci est du essentiellement au problème de la qulification de la main d'oeuvre évoqué au chapitre " Généralités".
Barrages
Barrages. Etanchéité
Ce domaine, en France, à de très rares exceptions près, dépend de l'EDF pour les barrages hydro-électriques et des D.D.A.(Direction Départementale de l'Agriculture) pour les barrages réservoirs d'eau.
L'EDF a été, dès le début des applications, très intéressée par l'emploi des polymères liquides pour assurer l'étanchéité du parement amont des barrages.
Dans la grande majorité des cas, les travaux d'étanchéité furent réalisés avec des systèmes polyuréthannes deux composants sans solvant. Au cours des dix dernières années, il fut ajouté à ce traitement d'étanchéité une finition polyuréthanne (modifiée) présentant une excellente résistance aux rayonnements ultraviolets.
La nécessité du niveau de performances des produits envisagés et la compétence technique conjointe du fournisseur et de l'applicateur sont indissociables car :
- Les revêtements amont des barrages peuvent subir des chocs thermiques
  (été/hiver) de l'ordre de 100°C.
- Les revêtements peuvent subir le "raclage" dû à la glace.
- On ne dispose que de peu de temps (quelques mois) pour réaliser les travaux.
- Les conditions météo des sites de montagne peuvent être délicates.
- Les accès aux ouvrages ne sont pas toujours aisés.
- Les eaux de montagne sont beaucoup plus agressives que les eaux naturelles
  de pluies que l'on rencontre dans les ouvrages de Génie Civil "ordinaires" et
  sont souvent très pures donc très dissolvantes.
Il faut résoudre également l'étanchéité des joints de dilatation entre plots qui supportent les mêmes conditions thermiques et physiques que le revêtement proprement dit. Dans la plupart des cas, les joints sont réalisés en caoutchouc polysulfure.
Sauf cas exceptionnel, ces travaux d'étanchéité sont entrepris lors des révisions décennales.
Seuls les grands barrages récents (Amérique du Sud - Afrique) ont reçu l'application de polymères en étanchéité et de joints sur ouvrages neufs.
Cela signifie que les surfaces des parements de barrages rentrent dans le cas des "remises en état".
Quelques autres parties d'ouvrages hydrauliques ont fait l'objet d'application de polymères liquides sur place :
-Les déversoirs, où le revêtement (en général polyuréthanne) doit, en plus
d'être étanche, résister à l'abrasion du passage de l'eau (à grande vitesse)
contenant des matériaux solides.
-Les parties intérieures des galeries hydrauliques qui peuvent être revêtues
de systèmes polyuréthannes dont l'étanchéité (avec les paramètres
les plus élevés) est la caractéristique principale demandée.
Tunnels
Tunnels (Cloutage/Ancrage-Etanchéité)
-Cloutage
Lorsque l'on intervient dans les techniques de construction de tunnels, on s'aperçoit qu'avant d'entreprendre l'étanchéité (élément extrèmement important), il y a une application courante (car ancienne) de polymères.
Il s'agit de la technique de cloutage permettant de sceller les barres (de plus ou moins grandes longueurs) destinées à "serrer" les terrains, après le creusement et aux fins de stabiliser les voûtes.
De façon pratiquement systématique, on utilise des résines "polyester", présentées en cartouche (carton, verre ou plastique) dont la vitesse de prise est très courte (quelques 10/15 minutes).
-Ancrage
Dans le même ordre d'idée, toutes les fixations nécessaires dans un tunnel (panneaux, lignes électriques, caténaires pour chemin de fer  etc) étaient réalisées avec des ampoules d'ancrages à base, également, de résines polyester.
Au début des années 80, ces produits furent interdits (pour les scellements) en raison de rupture d'adhérence consécutive, semblait-il, à des réactions chimiques de saponification entre le polymère et le béton.
Après une période d'études et de tests, on obtint des ancrages (jusqu'au diamètre 24 mm et 150 mm de longueur) à base de résine époxydique dont la vitesse de prise et les caractéristiques étaient jugées excellentes.
Il existe une procédure d'essais officielle sur ces produits.
La prise en compte des risques d'incendie fait préférer les ancrages métalliques (chevilles expansives en acier)
-Mortiers de calages
Il ne s'agit pas d'une application représentant des tonnages conséquents mais d'une nécessité non négligeable. La fixation des machines de ventilation, par exemple, dans les centrales du même nom, doit répondre à des impératifs de précision que ces mortiers de calages ont grandement facilité. Presque toujours il s'agit de formules (très chargées) de polymère époxydique à deux composants.
Il existe une procédure d'essais officielle sur ces produits.
-Etanchéité
Face à de tels ouvrages, on ne peut envisager que deux options possibles pour l'étanchéité: Intrados ou Extrados. Il ne sera décrit ici que le sytème INTRADOS (voir EXTRADOS dans le chapitre Etanchement).
En travaux neufs, l'étanchéité d'un tunnel ne peut se concevoir, correctement, qu'au niveau de l'étude initiale. En effet, trop de paramètres concernant les eaux, la nature du terrain mais aussi la conception proprement dite de la paroi, ont une importance pour que l'étanchéité ne puisse être programmée qu'en fin de travaux.
Dans le cas de l'étanchéité INTRADOS, le revêtement polymère va subir les effets de la sous- pression d'eau qui aura traversé le terrain puis le béton de la voûte. On se retrouve donc dans le cas du cuvelage mais les hauteurs d'eau sont souvent considérables (plusieurs centaines de mètres).
C'est pour cette raison que le choix de la technique étanchéité INTRADOS doit être accompagnée de mesures physiques particulières pour décharger une grande part de la pression d'eau entre les parois et le béton (plaques drainantes par exemple).
On choisira les polyuréthannes de bonnes performances mécaniques. (la résistance au rayonnement ultraviolet n'intervenant pas ici).
La réalisation des joints de dilatation sera envisagée de façon très précise. Ils devront être conçus dès le début du projet.
L'eau circulant derrière les joints devra être collectée en bas de pieds droits. Si nécessaire, on prévoiera un matériau d'isolation thermique évitant que l'eau circulant ne puisse geler dans les conduits de circulation.
Il n'y a pas de joints à base de caoutchouc polysulfure, même parfaitement réalisés, qui résistent à plusieurs MPa de sous- pression.
C'est donc un ensemble "drainage du joint plus joint bien réalisé" qui sera mis en oeuvre pour obtenir un joint de dilatation conforme et durable.
Il reste à préciser une règle fondamentale :
La largeur du joint doit être au moins égale à 2 fois son épaisseur.
Le plus important, dans le cas des tunnels, est le choix initial du type d'étanchéité. Ce choix est la conséquence de conjugaison des paramètres techniques incontournables et des conditions administratives et financières de gestion d'un projet. Ce choix va conditionner les autres applications de polymères pour l'ensemble des travaux et des aménagements.
Nota:
Les travaux d'étanchéité "Extrados" envisagent l'étanchéité réalisée contre le terrain (une fois celui-ci mis à des formes adoucies) par une feuille d'étanchéité (très souvent du PVC) sur laquelle viendra se plaquer le béton coffré (à l'aide des systèmes de coffrages roulants). Dans ce cas l'étanchéité sera logiquement la première en contact avec l'eau du terrain qui ne devra pas (théoriquement) circuler jusqu'au béton. Dans cette technologie, les joints sont à traiter avec autant de soin que la solution Intrados.
Il existe une procédure d'essais officielle sur tous ces produits.
Parking, locaux techniques
Grands ouvrages standards (parking, locaux techniques)
     Tous ces ouvrages sont en sous-sol et, dans la quasi totalité des cas, positionnés dans les nappes de ruissellement ou phréatiques.
     Les technologies actuelles de construction permettent de réaliser des parois moulées de grandes profondeurs mais il devient impératif (vu les emplois et les coûts) que ces locaux soient secs.
     C'est pour ces raisons essentielles que la technique du cuvelage (obligatoirement "Intrados") a été développée. L'étanchéité de parois moulées peut être réalisée par des techniques à base de ciments modifiés par exemple; toutefois, l'utilisation des polymères (plus légère sur le plan du chantier) a vu ses applications croîtrent depuis 1965/1968, (dates des premiers chantiers) par le fait qu'elle se situe sensiblement au même prix que les techniques plus anciennes (si l'on tient compte de toutes les sujétions).
De plus le niveau de performances, (quant à la résistance en sous- pression), tant au stade des essais par des laboratoires officiels que de la mise en oeuvre sur chantier, permet de dire que la valeur considérée comme normale est de l'ordre de 1.3/1.5 Mpa (soit 130 à 150 mCE).
Enfin, la technique de cuvelage permet un revêtement coloré, ce qui, sur le plan esthétique, n'est pas forcément négligeable.
Les formules utilisées dans ce type d'application sont, pratiquement à 100% , des polyuréthannes deux composants sans solvant (avec leurs produits annexes tels les bouche- pores).
Il n'est pas excessif de dire qu'à ce jour, on peut citer, en France, une application globale de cette technique sur plus de 25 000 000 m².