Désordres spécifiques aux bétons
Fissures de retrait
Informations complémentaires
La fissuration de retrait ne constitue pas un désordre en soi. Elle exprime la diminution de volume accompagnant la prise et le durcissement du béton. Cependant, cette fissuration s'est eprimée différemment suivant les époques ou les types de bétons, et les inspections de voûtes mettent en évidence des désordres qui ont été favorisés par son intensité. Sa description doit être abordée lors des inspections afin de la différencier des fissures d'origine pathologique.
Bétons modernes: Leur composition est parfaitement maitrisée, leur mise en place s’effectue sur des coffrages de bonne qualité, la vibration homogénéise bien les coulées successives. Ils ont une bonne compacité et un aspect de surface uni. Les fissures de retrait sont donc faciles à repérer, malgré leur finesse (0,1 à 0,3 mm au début, 1 à 3 mm après plusieurs années). La figure ci-contre illustre quelques formes classiques de son expression.
les fissures transversales (1) se développent à partir de la base du piédroit ; après quelques années elles peuvent rejoindre les fissures longitudinales ;
les fissures longitudinales (2) expriment assez rapidement le retrait de la masse de béton dans le plan perpendiculaire à l’axe. Elles sont quasi systématiques dans le voisinage de la clé de voûte, lieu géométrique théorique des plus fortes contraintes de traction liées au retrait.
Bétons plus anciens: Le retrait se manifeste par un maillage fermé plus ou moins dense, quand ce n’est pas une répartition anarchique de longues fissures traversantes. Composition et mise en œuvre du béton, mais aussi épaisseurs irrégulières et adhérence au terrain (absence de feuille étanche) en sont les principaux responsables. Dans ce cas, le retrait peut être considéré comme une source de désordre, dans la mesure où il favorise de nombreuses venues d’eau. Pour les plus anciens d’entre eux, leur grande porosité et hétérogénéité ont favorisé la dispersion du retrait au niveau des granulats ; les fissures y sont beaucoup moins apparentes.
Bétons coffrés armés: Les nappes d’armatures qu’ils contiennent contrarient l’expression du retrait. On note le plus souvent des fissures très fines et parallèles orientées suivant les armatures.
Bétons projetés : Le retrait affecte aussi ces bétons minces, mais ses manifestations sont très variables. Il peut présenter un faïençage de maille pluridécimétrique fermée, généralement visible uniquement par des concrétions blanches de calcite. C'est le cas quand il est projeté directement sur le rocher en place, qui empêche sa libre expression. La présence d’un treillis soudé ne supprime pas totalement la fissuration de retrait. Les bétons projetés seulement armés de fibres semblent, pour l'instant, moins fissurés. Quand le béton est projeté sur une étanchéité totale, à la surface plus régulière, la fissuration de retrait ne disparait pas forcément; son expression est donc aussi fonction de sa composition et des conditions de sa mise en œuvre.
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Description (aspect visuel du désordre)
Fissures fines dont la longueur augmente avec le temps (visibles à partir de 0,1 mm). Elles ne montrent aucun désaffleurement des lèvres.
Béton coffré: ouvertures rarement supérieures à 3 mm.
Béton projeté: le retrait normal (< 1mm) est très difficile à distinguer sur du BP.
Méthodes d’examen
Examen visuel rapproché sous éclairage puissant.
Paramètres à relever
Tracé – densité – maillage ouvert ou fermé – ouvertures (en mm) – importance des venues d'eau par fissures (tunnels sans
étanchéité extrados).
Désordres ou défauts associés à rechercher
Mauvaise qualité du béton – humidité – zones sonnant le creux.
Origines, causes possibles, facteurs aggravants
Le retrait est l'expression du vieillissement normal du béton .
Sa densité est liée aux nombreux paramètres de fabrication, de mise en place et de cure.
Conséquences, évolutions possibles
Altération du béton par les venues d'eau (tunnels sans étanchéité extrados).
En cas de déformation du profil, certaines fissures peuvent s'ouvrir pour des raisons structurelles. Elles sont alors qualifiées de fissures pathologiques et non plus de fissures de retrait.
Dangers pour les usagersues pour les structures
Nul.
Surveillance
Examen visuel.
Remèdes
Le retrait en soi ne nécessite aucune réparation.
Les fissures aquifères les plus génantes pour l'exploitation peuvent être injectées.
Observations
* Le terme est pris au sens de « retrait total ».
Fissures en lunules
Informations complémentaires
Ce désordre est assez fréquent dans les tunnels modernes, où les cadences des cycles de bétonnage sont serrées. Ce type de rupture apparait le plus souvent au niveau d'un rein entre 3 et 6m de hauteur, plus rarement sur l'axe de clé. Il apparait à l'aval de l'anneau précédemment coulé sur lequel vient s'appuyer le coffrage. Cette zone d'appui est justement celle où le béton pompé peut être mal serré au support; il y a donc un jeu, même minime, qui autorise une cassure par rotation. La présence du complexe d'étanchéité (DEG) est parfois suffisante pour expliquer ce «jeu». La position de ces lunules dans les anneaux reflète le sens de bétonnage du revêtement.
Sur un cas connu, la rupture est apparue lors d'un réglage du coffrage qui se déformait pendant la montée du béton (fuites de laitance). L'action des vérins de pied a été suffisante pour provoquer la rupture. Plusieurs lunules imbriquées ont pu être parfois observées, sans qu’il y ait jamais d’instabilité associée. Ces zones, le plus souvent réparées par injection de résine (rarement par épingles), sont néanmoins à ausculter avec attention à chaque inspection détaillée.es imbriquées en rein (la base o espond au trottoir). Le bétonnage
s'esgraphic
roite vers la gauche
Description (aspect visuel du désordre)
Fissure régulière et courbe, généralement située en rein à l'extrémité d'un anneau, ayant son origine et son extrémité sur le même joint transversal de bétonnage.
Méthodes d’examen
Examen visuel, auscultation au marteau.
Paramètres à relever
Ouverture et désaffleurement (mm), dimensions du panneau.
Désordres ou défauts associés à rechercher
Zone sonnant le creux, signe que le panneau est relativement mince et qu'il comporte un vide à son extrados (mauvais clavage).
Origines, causes possibles, facteurs aggravants
Fissure de rupture provoquée par l'appui du coffrage sur l'anneau précédemment coulé qui n'a pas encore atteint sa résistance
maximale. Le coffrage qui se déforme pendant le bétonnage crée un excès de contrainte ponctuel sur l'anneau déjà coulé.
Conséquences, évolutions possibles
Déstabilisation du panneau.
Dangers pour les usagers
Aucun jusqu'à présent, pour les cas connus.Surveillance
Examen visuel.
Remèdes
Injection de la (des) fissure(s).
Observations
Ce type de désordre est généralement réparé directement sur le chantier par des injections.
Désordres des joints de bétonnage
Informations complémentaires
Les joints entre anneaux de béton coffré revêtent plusieurs aspects:
joints secs sans traitement particulier : c’est le cas des bétons anciens ; les défauts d’alignement des anneaux contigüs sont bien visibles ;
joints secs ragréés ;
joints en creux : un profilé souple collé sur le coffrage matérialise une saignée entre les deux anneaux.
Les principaux désordres relevés sur ces joints sont :
déplacement de la fissure de joint dans l’un des anneaux; l’une des lèvres présente alors un décollement de plaque;
présence assez fréquente de ségrégations locales de granulats au niveau des lèvres ; elles provoquent en béton ancien soit des venues d’eau, soit des instabilités localisées;
décollements et chutes des ragréages mis en place sur ces joints à des fins esthétiques, ou aérauliques en gaines de ventilation ;
des essais de masques de coffrage ont été réalisés à l’aide de boudins gonflables (type Satujo) ; le déplacement ou la perforation de ces boudins ont provoqué des désordres spécifiques. Certaines plaques sont tombées d’elles-mêmes.
Description (aspect visuel du désordre)
Désordre affectant les lèvres d'un joint séparant deux anneaux de béton coffré contigüs: épaufrure, écaille, fissure, altération.
Désordre affectant l’aménagement ou le remplissage du joint.
Méthodes d’examen
Examen visuel, auscultation marteau.
Paramètres à relever
Extension du phénomène sur le joint – toute mesure adaptée à la quantification du désordre observé.
Les ragréages posés à cheval sur le joint pour diverses raisons se décollent toujours au fil du temps. Les sonder systématiquement au marteau.
Désordres ou défauts associés à rechercher
Mauvaise compacité du béton des lèvres du joint – humidité.
Origines, causes possibles, facteurs aggravants
Malfaçons – mouvements relatifs entre anneaux.
Conséquences, évolutions possibles
Extension – aggravation. Dangers pour les usagers
Risques de chutes de ragréages ou d'éléments de béton. Risques pour les structures
Aucun, si aucun autre désordre n’affecte les deux anneaux contigüs.
Surveillance
Examen visuel – IDP exceptionnelle.
Remèdes
Purges de sécurité (éventuellement grillage de sécurité temporaire) – la reconstitution des lèvres d'un joint dégradé est toujours possible, mais il faut laisser au joint sa liberté de mouvement.
Observations
Nids de cailloux
Informations complémentaires
Ce défaut courant dans les bétons anciens provient à la fois de la composition du béton et de sa mise en place (petites gachées, pilonnage au lieu de vibration, composition variable au cours d'un même chantier).
Il peut avoir plusieurs origines :
tri des granulats lors de la coulée qui « ruisselle » sur le coffrage ;
attente trop longue entre deux gachées, empêchant le bon mélange des couches de béton;
vibration mal conduite (aussi bien par les aiguilles que par les vibreurs de coffrage).
Ce défaut se rencontre aussi dans les bétons modernes, mais il est peu étendu et limité à certaines reprises de gachées ou en bordure des joints d'anneaux. Il ne constitue que très rarement un désordre. Dans les revêtements non étanchés, ces zones de plus grande perméabilité peuvent avoir pour conséquence des suintements, des concrétions, une altération plus rapide du béton par dissolution du liant. Les nids de cailloux étaient courants dans les bétons anciens dans lesquels les gachées étaient nombreuses et de plus faible volume, la vibration médiocre. Passage préférentiel des venues d'eau, ces zones peuvent s'altèrer rapidement jusqu'à devenir parfois presque meubles et instables, affaiblissant localement le revêtement. En l’absence d’agents agressifs, leur tenue dans le temps peut être excellente. Si le désordre est très étendu (plusieurs m 2 en béton ancien), la structure peut être localement fragilisée.
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ux inihorizontal dû à la mise en place
Description (aspect visuel du désordre)
Zones de granulats sans fines, apparentes ou cachées par une mince pellicule de laitance. C'est un défaut volumique et pas seulement de surface.
Méthodes d’examen
Examen visuel – auscultation marteau.
Paramètres à relever
Superficie – préciser si le défaut est local, lié à une reprise de bétonnage, situé aux abords des lèvres d'un joint, ou présente une extension aléatoire, voire générale.
Désordres ou défauts associés à rechercher
Granulats bien liés ou instables – zones sonnant creux autour du défaut. Humidité.
Origines, causes possibles, facteurs aggravants
Défaut local lié à la mise en place du béton (influence de la vibration), plus rarement à sa mauvaise courbe granulométrique. Il y a une ségrégation locale du matériau.
Nota: certains bétons anciens ont un aspect «nid de cailloux» généralisé, bien que les granulats soient très bien liés.
Les circulation d'eau (altération d'origine chimique, érosion) , le gel, sont des facteurs aggravants.
Conséquences, évolutions possibles
Approfondissement de la poche par altération et chute progressive des granulats. Le défaut devient un désordre.
Dangers pour les usagers
Chutes de granulats. Risques pour les structures
Affaiblissement local de la voûte (tunnels anciens).
Surveillance
Noter un approfondissement éventuel.
Remèdes
Réparation localisée s'il s'agit d'une poche altérée au sein d'un béton compact : mise en place de béton projeté + treillis soudé épinglé.
Observations
Altération des bétons
Informations complémentaires
La solution intersticielle du béton ayant un pH proche de 13 est chimiquement instable vis-à-vis de toute agression extérieure qui est forcément plus acide. Celle-ci agira obligatoirement sous la forme d'une solution formée par dissolution d'un gaz par l'humidité de l'air ou celle des pores du matériau, ou provenant du lessivage du terrain encaissant (tout particulièrement les sols).
L'action chimique acide débute toujours par une dissolution suivie d'une cristallisation de composés néo-formés qui peuvent être liants, non liants, voire expansifs. Les agents agressifs diffusent d'autant mieux à l'intérieur d'un matériau que celui-ci est poreux (et perméable) et que son taux d'humidité est renouvellé et de l'ordre de 60% (ni sec, ni saturé).
Leur effet délétère dépend de la permanence de leur alimentation, mais comme ces agents sont en quantité inépuisable par rapport aux constituants réactifs du matériau, l'évolution de celui-ci est finalement réglée par le temps. Il peut y avoir une stabilisation temporaire, mais assez souvent, dans les bétons anciens, une mauvaise qualité d'origine conduit à une altération complète.
En tunnels, les principaux agresseurs sont le dioxyde de carbone de l'atmosphère (CO2), les eaux douces ou peu minéralisées, les eaux sulfatées (séléniteuses), le dioxyde de soufre (SO2) dégagé par les gaz d'échappement, accessoirement les chlorures. L'action bactérienne, bien que partout présente, n'est pas identifiée comme un agresseur fort en tunnel routier. Les réactions nombreuses et complexes qui s'opèrent au sein d'un béton ou d'un mortier ne seront que résumées ci-après de façon très succinte ( ).
Action du CO2: dissolution et précipitation
L'eau chargée en gaz carbonique (acide carbonique H2CO3) dissout en priorité la portlandite (Ca(OH)2) du liant pour former un bicarbonate très soluble qui sera entrainé. Cette perte de masse augmente la perméabilité du béton. Parallèlement, ce bicarbonate va réagir avec la portlandite pour donner de la calcite, carbonate liant très stable, et de l'eau. Ce phénomène est appelé carbonatation. Il contribue à diminuer la perméabilité. Mais le cycle de dissolution continue d'agir sur la portlandite et la calcite néoformée du fait d'un apport constant de CO2.
Suivant la porosité et la perméabilité originelle du béton, l'une ou l'autre de ces deux actions antagonistes va dominer. Généralement, la formation de carbonates stables dans le réseau des pores diminue progressivement la perméabilité, freinant ainsi la diffusion des acides. La réserve alcaline du coeur du béton peut alors jouer un rôle de barrière. Parallèlement, à proximité de la surface libre, une partie du bicarbonate de chaux très soluble va migrer en surface (pression osmotique) à la faveur de défauts locaux du béton (ségrégations, fissures). Au contact du CO2 de l'air et par évaporation, il y aura un dépôt de calcite plus ou moins important sur le parement.
On conçoit donc qu'un béton peu perméable et contenant peu de chaux résistera mieux à l'attaque acide et conservera plus longtemps ses caractéristiques mécaniques.
Action des sulfates: expansion
Exogènes:
les eaux ont circulé à travers des terrains sulfatés ou magnésiens (gypse, anhydrite, fronts de dédolomitisation, mais aussi sols en évolution) et acquis une forte concentration en sels solubles;
la décomposition de silicates ferromagnésiens, mais aussi la présence fréquente de sulfures (pyrites) dans les roches conduit par oxydation à la formation de sulfates, qui seront remobilisés. On peut être alerté de ces processus par l’apparition sur les revêtements de taches ou coulures jaunes à brunes d’hydroxyde de fer (goethite), associées à la formation d’acide sulfurique (à ne pas confondre avec de la « rouille » d’armatures) ;
une atmosphère de tunnel routier chargée en anhydride sulfureux (SO2) peut déclencher la formation de sulfates, mais dont l’action reste très superficielle et non délétère.
Endogènes:
certains granulats (anciens) pouvaient contenir beaucoup de pyrite;
des sulfates se forment au sein du matériau au cours de l’enchainement des réactions chimiques (néo- formations stables ou instables).
Mode d’action des sulfates
La chaux du liant est dissoute, donnant lieu à la formation de sulfate de calcium, immédiatement remis en solution (il y a alors entrainement de matière) et de gypse (secondaire) expansif. Celui-ci réagit alors avec l’aluminate tricalcique du ciment pour former de l’ettringite secondaire (Sel de Candlot), ou de la thaumasite. Ces composés fortement expansifs et non liants sont les principaux responsables de la désagrégation des mortiers, voire de certains bétons anciens, par destruction progressive des liaisons inter granulaires.
Suivant le contexte, d’autres cations (Mg, K, Na) participent à ces réactions complexes.
S’il sont invisibles à l’œil nu, ces sels particuliers disposent souvent d’un marqueur caractéristique apparaissant sur la surface libre sous forme d’efflorescences fibreuses blanches et instables.
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Description (aspect visuel du désordre)
Stade précoce: dépôts d'exsudats calcaires résultat d'une dissolution interne, ou efflorescences.
Stade ultime: des poches de consistance plus ou moins meubles soulignent des reprises de gachées, ou apparaissent en position aléatoire au sein de l'anneau – elles sont parfois présentes sous une pellicule de laitance encore intacte qui sonne le creux.
Méthodes d’examen
Examen visuel – auscultation marteau.
Paramètres à relever
Altérations visibles – position dans le profil (systématique ou aléatoire) – surface et profondeur des poches altérées – consistance et teinte – stabilité.
Désordres ou défauts associés à rechercher
Venues d'eau continues – forte fissuration – signes d'attaques sulfatiques (efflorescences).
Origines, causes possibles, facteurs aggravants
Bétonnage par temps de gel – sous - dosage en ciment – dissolution du liant (action du CO2, des sulfates, des chlorures)
- formation de composés non liants, voire expansifs.
Conséquences, évolutions possibles
Augmentation progressive de la porosité, pénétration accrue des agents aggressifs, perte de cohésion. Amincissement du revêtement par érosion régressive. Dangers our les usagers
Chute d'éléments (granulats, plaques). Risques pour les structures
Ruines locales.
Surveillance
Examen visuel.
Analyses d'eau et de béton.
Remèdes
Drainage. Reconstitution.
Observations
Écaillage mécanique du béton
Informations complémentaires
Dans les voûtes en béton (coffré ou projeté), l’écaillage mécanique peut se manifester en tout point du profil par des fissures de cisaillement avec décollement d’écailles. Le revêtement se rompt rapidement sous l’action de contraintes excessives à l’intrados. Ces avaries sont localisées selon une ou plusieurs génératrices du tunnel, et souvent en clé de voûte.
Lorsque le cisaillement intrados s’est produit, le phénomène est bien visible si on s’approche suffisamment de la voûte, et en l’éclairant d’une lumière rasante.
Si l’écaillage n’est pas encore révélé, le choc du marteau permet cependant, par une réponse vibratoire caractéristique, de suspecter le phénomène. Ainsi, un intrados ne montrant qu'une fissuration discrète mais sonnant le creux à une hauteur bien déterminée du profil en travers, peut être suspecté de mise en contrainte. Une démolition locale au marteau permet parfois de mettre en évidence la fissure de cisaillement.
Nota: L'excès de compression au sein d'un revêtement peut produire aussi des fissures parallèles à l'intrados, non inclinées, et plus difficiles à appréhender sinon par le martelage.
Il est souhaitable de compléter un diagnostic d’écaillage par des mesures de convergences dans la zone atteinte, afin de quantifier une déformation évolutive. Des mesures au vérin plat en plusieurs points du profil en travers permettent de connaître les valeurs des contraintes de compression dans le revêtement, données précieuses dans le cadre d’un projet de réfection.
Début de cisaillement du béton en clé.
Lgraphica fissure cisaillante (type 2) est ici nettement exs- face va sonner le creux.
Description (aspect visuel du désordre)
C'est une rupture qui se manifeste par une ou plusieurs fissures de cisaillement délimitant des écailles de toute taille. C'est un désordre structurel.
Méthodes d’examen
Auscultation marteau – examen en lumière rasante.
Paramètres à relever
Dimensions des écailles (surface et épaisseur présumées) – position particulière dans le profil en travers – ouverture et désaffleurement de la (des) fissure(s).
Désordres ou défauts associés à rechercher
Fissuration de voûte anormale (réseaux orientés, décalage de lèvres,...), profil déformé. Zones proches d’aspect sain, mais sonnant le creux au marteau.
Origines, causes possibles, facteurs aggravants
Excès de compression dans le revêtement, dépassant la résistance mécanique du béton.
Conséquences, évolutions possibles
Extension du risque, car le désordre est à la fois extensif et intensif.
Même s'il n'est pas associé à une déformation de la voûte (cas fréquent), le phénomène est critique. ng pour les usagers
Chutes de plaques de béton fragilisées.
Il s'agit d'une rupture plus ou moins complète du revêtement.
Surveillance
Visuelle (écailles tombées) – noter les PM des chutes.
IDP rapprochées – mesures des déformations du profil (convergences relatives) – mesures des contraintes dans le revêtement.
Mise sous surveillance renforcée ou haute surveillance suivant les résultats des mesures.
Remèdes
Sécurité des usagers : purges fréquentes – pose de grillages de retenue.
Suivant le résultat de la surveillance et des mesures, une réfection par renforcement de la structure, voire reconstruction est parfois inévitable.
Observations
Ne pas confondre avec « éclatement sur armature»
Éclatement sur armatures
Informations complémentaires
Ce désordre est rarement rencontré dans les tunnels récents dont les sections armées sont réduites (têtes, profils renforcés). Il se résume le plus souvent à un éclatement de la laitance au droit d’un fer trop proche de l’intrados (moins de 1 cm). Il est déclenché par le processus de carbonatation du béton ( ) qui s'opère à partir de l'intrados.
La zone carbonatée ayant un pH de l'ordre de 9, la couche de passivation des armatures métalliques les plus proches de l'intrados est détruite ; l'acier va alors se corroder et déclencher des éclatements du béton par foisonnement du métal oxydé.
En revanche, quelques tunnels (années 50 à 70) ont pu être réalisés entièrement en béton armé; compte tenu des normes de l'époque, et de l’absence d’étanchéité, le désordre apparaît dans les zones humides, poreuses où la carbonatation a pénétré profondément. La corrosion des armatures est donc plus ancienne et plus développée. La percolation des eaux du terrain accélère la corrosion. Le foisonnement du métal oxydé peut alors décoller des écailles de béton de 1 à 3 cm d’épaisseur, créant ainsi un risque pour l’usager, plutôt que pour la structure (ce désordre est rarement généralisé à l’ensemble du tunnel). Une fissuration préexistante ne semble jamais être à l’origine du désordre.
La disparition de l’enrobage de béton superficiel met à nu les armatures, et celles - ci apparaissent rouillées. L'auscultation au marteau permet de déceler le désordre avant qu'il ne soit déclaré, ou son extension prévisible (le béton sonne creux autour de l'écaille sur le tracé de l'armature).
Le phénomène étant évolutif, il faut donc agir rapidement avant la chute d'éléments volumineux.
Les bétons projetés montrent parfois des éclatements en zone humide au droit des plaques d'appuis des boulons. Ce désordre affecte aussi les éléments préfabriqués minces ( ), dans lesquels il peut être plus rapide et étendu que dans un béton épais. En effet, une faible épaisseur de recouvrement des fers ainsi qu’une fissuration de retrait traversante peuvent diminuer rapidement leur résistance.
Spectre des armatures
La photo ci-contre illustre l'aspect d'un spectre des armatures à l'intrados d'un anneau armé seulement en piédroits. Des perçages de contrôle ont pu confirmer que ce spectre est d'autant plus marqué que les fers sont proches de l'intrados et qu'il disparait quand les fers sont à plus de 5 cm de profondeur. De fines fissures de retrait peuvent souligner les lignes du spectre. Un fer tangent provoque à court terme un éclatement de laitance très localisé. Les causes sont multiples : mise en résonance de la nappe d'armature pendant la vibration interne ou externe – légères ségrégations entre fer et coffrage par effets de paroi (proximité du coffrage et des armatures) – pellicule de graisse sur les armatures (rare, mais constaté).
Le spectre se rencontre très souvent dans les tunnels récents mais n'entraîne pas obligatoirement d'éclatement superficiel.
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Description (aspect visuel du désordre)
Fers oxydés apparents (chute du béton d’enrobage ou de la laitance).
Écaille tombée, ou décollée mais toujours en place.
Méthodes d’examen
Examen visuel – auscultation au marteau (particulièrement si le spectre des armatures est très affirmé).
Paramètres à relever
Extension des zones d’armatures visibles (ou de leur spectre), dimensions des écailles, épaisseur.
Désordres ou défauts associés à rechercher
Humidité – altérations du béton – fissures fines, parallèles et nombreuses – présence de zones sonnant le creux.
Origines, causes possibles, facteurs aggravants
Dépassivation des fers par la carbonatation du béton.
Propagation de l’humidité jusqu’aux armatures qui rouillent et gonflent, faisant éclater le béton (enrobage trop faible) – mauvais positionnement des fers ou déplacement pendant la montée du béton.
L'absence d'étanchéité extrados, une atmosphère chargée de gaz d'échappement, la présence de chlorures aux têtes (sels de déverglaçage) sont des facteurs aggravants.
Conséquences, évolutions possibles
Extension progressive de l’oxydation le long de l'armature, et donc des décollements.  ngers pour les usagers
Chutes de plaques ou d'éléments si le désordre est situé au dessus des voies de circulation (surtout bétons armés anciens). Risques pour les structures
En béton coffré de voûte, la profondeur du désordre est limitée à l’épaisseur du recouvrement des fers. Dans le cas d'éléments minces, la résistance peut être diminuée.
Surveillance
Examens visuels fréquents.
Remèdes
Purges, piquages, dégagement complet et passivation des fers, ragréages.
Observations
Désordres des éléments préfabriqués voûtés
Informations complémentaires
Cette fiche s'applique principalement aux éléments voûtés minces en béton armé remplaçant un revêtement classique construit en place.
Il existe des structures relativement anciennes (années 1950) réalisées en béton armé, constituées d’un voile voûté mince (5 à 6 cm) renforcé de nervures. Ces éléments, préfabriqués à l’extérieur, ont été transportés en tunnel et posés jointifs sur des corbeaux en béton; leur longueur est de 1 m environ. Ils ne sont pas liaisonnés entre eux.
Aucun soutènement d'excavation ni remplissage n'étaient mis en place à l'extrados. Il est donc possible d'inspecter un espace annulaire parfois important.
Quand ces éléments sont complétés dès la construction par un béton de remplissage auquel il servent de coffrage perdu, leur fragilité disparaît donc.
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Éléec son armatuvisible)
Description (aspect visuel du désordre)
Fissures, épaufrures avec fers apparents, éclatements par corrosion des fers.
Chocs de PL sur les éléments mal alignés, entraînant des épaufrures profondes et des déplacements d’éléments.
Méthodes d’examen
Examen visuel – auscultation marteau.
Paramètres à relever
Dimensions ou extension du désordre par rapport à la taille de l’élément préfabriqué.
Désordres ou défauts associés à rechercher
Les éléments atteints sont-ils groupés ou isolés?
Si l'espace annulaire extrados est accessible, rechercher une éventuelle surcharge rocheuse.
Origines, causes possibles, facteurs aggravants
Chocs à l’intrados – surcharges à l’extrados.
Conséquences, évolutions possibles
Rupture de l’élément, voire chute.
Dangers pour les usagers
Chutes de débris ou d'un élément entier suite à un choc.
Risques pour les structures
Destruction des éléments.
Surveillance
Examen visuel.
Remèdes
Remplacement (si possible).
Observations
Désordres des bétons projetés
Informations complémentaires
Le béton projeté est systématiquement utilisé dans les méthodes de soutènement des excavations, avant la pose de l'étanchéité et du revêtement. Cette fiche ne concerne que les bétons projetés apparents constituant le revêtement définitif d'un tunnel (neuf ou réparé). La fiche s'applique à tous les mortiers ou bétons mis en place par projection.
Chronologiquement, on trouve:
les gunites: mortier projeté sous forme de couche mince (1 à 3 cm) en moyenne, rarement armé, dont le but était de stabiliser la surface instable d'une excavation. Très rapidement altérées ou décollées, les gunites n'assurent plus aucune protection contre les chutes de pierres;
les bétons projetés: utilisés en tunnels anciens dans le cadre de confortements, ils sont plus épais (5 à 15 cm) ; le plus souvent armés de treillis soudé épinglé au rocher. Leur tenue dans le temps est généralement très bonne;
les bétons projetés fibrés (fibres plastiques ou métalliques), avec ou sans treillis soudé. La fissuration est moins développée ;
les coques auto - stables réalisées en béton projeté armé avec étanchéité totale. Aucun désordre spécifique lié à la technique de fabrication n'apparait pour l'instant.
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Description (aspect visuel du désordre)
Fissuration particulière de type faïençage.
Défauts d'enrobage du treillis soudé, parfois localement apparent (aspect «gaufré»).
Fortes variations d’épaisseur, surtout sur le rocher (présence de «pointes»)
Éclatements superficiels sur treillis ou tête de boulon oxydés.
Défaut d’adhérence au support ou support rocheux altéré (zones sonnant le creux).
Ruptures et chutes partielles.
Méthodes d’examen
Examen visuel – auscultation marteau.
Paramètres à relever
Zones sonnant le creux (extension et position dans le profil) – adhérence du béton aux limites (cas de «rustines» de réparation) –
présence d’instabilités localisées aux limites – estimer l'épaisseur d'enrobage du treillis soudé.
Désordres ou défauts associés à rechercher
Venues d’eau ponctuelles – fissures de grande extension, ouvertes.
Origines, causes possibles, facteurs aggravants
Projection sur un support mal nettoyé ou purgé – présence de venues d’eau.
Défauts de mise en œuvre – mauvaise qualité du support – zones sans treillis soudé ni fibres (réparations anciennes).
Un béton projeté résiste mal à un gonflement du terrain.
Conséquences, évolutions possibles
Instabilités locales, altérations.
Dangers pour les usagers
Chutes d'élements (rares). Risques pour les structures
Faibles à forts suivant l'intensité des désordres.
Surveillance
Examen visuel – noter l'apparition de fissures.
Remèdes
Mise en sécurité par purges des parties instables – reconstitution de la continuité du revêtement.
Observations
Défauts d'aspect des bétons coffrés
Informations complémentaires
La plupart d'entre eux sont la conséquence des procédures de mise en oeuvre. Ils ne sont pas considérés comme des désordres en tunnels. On citera pour mémoire:
Bullage (ou soufflure), fuites de laitance ou nids de cailloux, ressuage, pommelages, variations de teinte, traces de rouille, spectre des armatures ( ), déformations localisées du coffrage.
Nous renvoyons au Guide Technique édité par le LCPC dont les descriptions s'appliquent à tous les types de parements d'ouvrages d'art courants.
Les photos suivantes illustrent quelques aspects de ces défauts sur les parements de tunnels.
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c Fiche 30
Faïençage dense Déformation locale du coffragegraphic
Fnt Ressuage
Traces d'écoulement depuis pipe de clé Bullage (ou soufflures)
Description (aspect visuel du désordre)
Défauts altérant l'aspect, la teinte ou l'uni de surface de l'intrados.
Méthodes d’examen
Examen visuel – vérification au marteau.
Paramètres à relever
Étendue, intensité.
Désordres ou défauts associés à rechercher
Altération locale – autres désordres (ségrégations, humidité, zone sonnant le creux, fissures).
Origines, causes possibles, facteurs aggravants
Composition du béton, qualité de la peau du coffrage, influence du produit de décoffrage, mise en place et vibration du béton, qualité de la cure.
Conséquences, évolutions possibles
Aucune sauf si désordres associés évolutifs.
Dangers pour les usagers
Aucun. Risques pour les structures
Aucun sauf si désordres associés évolutifs.
Surveillance
Examen visuel.
Remèdes
Aucun sauf si désordres associés évolutifs.
Observations
On observe que ces défauts sont localisés le plus souvent en piédroits ou en naissance.