6. Le canal de Bourgogne
Lors des excavations par dragage du canal, Clavenad (1887) a observé que des surfaces de rupture de type conchoïdale  pouvaient se former au départ de parois très raides ou verticales se présentant dans les tufs argileux et les marnes des couches supérieures de la Culebra, (fig. 6.1a). Ces surfaces ont l'allure approximative d'une branche de strophoïde OaPb où le volume éboulé de section plane OaPBO  est égal au volume de section PCb cumulé au pied du talus. Malheureusement, Clavenad n'a explicité ses calculs ni décrit les cas d'application qu'il a eu à traiter lors de ses travaux sur le canal. Par conséquent, le seul outil pratique d'analyse de la stabilité des talus qui pouvait être utilisé par les concepteurs à l'époque, semble avoir été celui proposé par Collin en 1846 (Reid, 1924).
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Profil du canal de Bourgogne au droit du tunnel de Pouilly-en-Auxois (bief de partage). (1) terre végétale argile et pierraille; (2) Argile "mélangée de bancs très durs" ; (3) Calcaire à griphées;  (4) et (6) argiles schisteuses; (5) grès tendre. Les traits verticaux représentent les puits d'attaque de l'excavation pendant la construction dans la période allant de 1825 à 1832 (d'après Bligny, 2003)
En 1833, celui-ci, observa dans la rigole de remplissage du réservoir d'alimentation du Cercey, le glissement d'une masse argilo-schisteuse "le long d'une surface polie et savonneuse" dont "la ligne de rupture spontanée paraissait avoir la plus grande analogie avec un arc de cycloïde plane"
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Notant que les mouvements y débutaient par des fentes et crevasses sub- verticales suivies d'un affaissement de la crête du talus, il releva différentes surfaces de rupture d'équation     
              (6.1)
En considérant des tranches d'épaisseur unitaire, Collin supposa que seule la cohésion "instantanée" c* s'oppose au mouvement dû à l'action de la composante renversante du poids W de la masse. Il établit l'équation d'équilibre suivante (éq. (B), p.165, op.cit.),
                                            (6.2)
T est  la résistance tangentielle totale, qla pente de la tangente à la cycloïde au point d'intersection de celle-ci avec la verticale passant par le centre de gravité de la masse glissante et ci* la cohésion instantanée correspondant au segment de cycloïde de longueur li. A l'équilibre T = 0 et, dans le cas où le terrain serait homogène, donc, la cohésion minimale vaut
     
                                              (6.3)
et si   est la cohésion moyenne disponible il vient
                                              (6.4)
      Les effets de la pression interstitielle échappent à cette analyse, mais du fait que la plupart des glissements observés a eu lieu " spontanément",c'est-à-dire à très court terme, il résulte que la détermination de la stabilité suivant l'approche de Collin équivaut pratiquement à un calcul en termes de contraintes totales cu(ju = 0) (Skempton, 1948).   
Dans le but de montrer que les instabilités des talus du canal auraient pu être prévues et, par conséquent, en partie corrigées ou, tout au moins, atténuées avec les moyens disponibles à l'époque, on examine ci-après deux sections transversales situées au droit des postes kilométriques 54 et 55 et que l'on peut considérer comme représentatives du site.
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Allure des surfaces de rupture: pseudo-strophoïde de Clavenad (1887)
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Allure des surfaces de rupture: cycloïde de Collin (1846)