Incidents et mesures
Nous aborderons dans cette partie les trois fonctions essentielles exigées par l’instruction technique de la circulaire 2000-63, à savoir :
  • la détection d’un véhicule arrêté ;
  • la détection d’une congestion ;
  • la détection de fumées.
L’analyse technique sur ces seuls trois détections de base, fait apparaître un nombre important de paramètres intervenant dans la mise en oeuvre d’une installation de détection automatique d’incidents. Si le nombre de types de détections augmente, ces paramètres augmenteront encore, pouvant entraîner des temps de mise au point plus longs.
La détection d’un véhicule arrêté
Si la détection d’un véhicule arrêté semble la plus simple, il faut toutefois analyser plus en détail l’incident.
En pratique, l’automobiliste qui va s’arrêter commence par ralentir puis s’arrête. Or, le système de DAI ne devra pas pour autant déclencher une alarme dans tous les cas. Une fois le véhicule arrêté, il faudra déterminer s’il s’agit d’un arrêt fugitif, donc suivi d’un redémarrage dans les quelques secondes qui suivent, ou si il s'agit réellement d'un arrêt prolongé. Donc une temporisation sur le déclenchement de l’alarme est ainsi nécessaire. Dans la pratique, l’incident correspond à l’alarme « véhicule arrêté depuis au moins xx secondes » où la valeur xx devra pouvoir être paramétrée.
Toutefois, il ne faut pas oublier que le résultat de cette alarme est obtenu par l'application d'un algorithme sur des données analogiques. Donc, la détection n'est pas une grandeur discrète mais obéit à des lois statistiques. Des études, menées en particulier par la société TRAFICON, montre que la détection d'un véhicule répond à des lois se rapprochant de distributions gaussiennes en fonction des paramètres liés à la caméra et à l'implantation de l'incident.
Les courbes suivantes présentent les résultats obtenus.
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Ce premier ensemble de courbes donne la probabilité de détecter un véhicule arrêté pendant 10 secondes en fonction du temps de traitement de l'algorithme pour une caméra disposé à 5 m de hauteur. Les courbes correspondent à une interdistance entre les caméras de 75, 150 ou 250 m. les conclusions que l'on peut tirer de l'analyse de ces courbes sont :
- plus l'interdistance entre les caméras sera grande plus le temps de traitement est important
- pour une interdistance donnée, plus le temps de traitement est important, plus la probabilité de détection est importante.
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Cet ensemble de courbe donne la probabilité de détecter un véhicule arrêté à 125 m de la caméra, pendant 10 seconde en fonction de la hauteur de la caméra, 5, 6 ou 7 m. L'analyse permet de conclure que plus la hauteur est importante plus la probabilité augmente.
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Cet ensemble de courbe donne la probabilité de détecter un véhicule arrêté à 125 m de la caméra, elle même située à 5 m de hauteur en fonction du temps d'arrêt. L'analyse des courbes met en évidence que plus le temps de détection est bref, meilleur est la probabilité de détection.
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Cet ensemble de courbe donne la probabilité de détecter un véhicule arrêté à 125 m de la caméra pendant 10 seconde, la caméra étant située à 5 m de hauteur en fonction de la densité du trafic (10% et 5%). L'analyse met en évidence que plus le trafic est faible meilleur est la probabilité de détection.
Indéniablement, le résultat d'une détection d'incident ne répond pas sous la forme d'une fonction discrète mais peut-être assimilé à une fonction normale ou Gaussienne. Il importe donc pour caractériser cette fonction de donner la moyenne et l'écart type. Or, dans les installations réalisées jusqu'à ce jour, seule une valeur statistique de taux de détection pouvait être indiqué au niveau des performances attendues.
Les essais ci-avant portent sur la probabilité de détection par l'agorithme indépendamment de la situation spatiale de l'incident relativement à la position de la caméra. Il faut donc vérifier la possibilité de déterminer plusieurs «zones» indépendantes de détection. La représentation des zones de détection peut s’effectuer suivant la figure 1 présenté au paragraphe 3-2, où sont définies 5 zones différentes :
• Zone 1 : voie de circulation sens 1• Zone 2 : voie de circulation sens 2• Zones 3 et 4 : trottoirs et piédroits• Zone 5 : Zone de recouvrement. Cette dernière zone correspond à une section surveillée par la caméra suivante. Ces possibilités permettent de définir des zones particulières telles que les voies, les niches de sécurité, les abris piétons, etc.
Il importe de connaître pour chaque système le nombre de zones possibles ainsi que le nombre de « niveaux » d’importance programmable. Pour chacun de ces niveaux, il doit être possible de paramétrer :
• Le temps de détection (Ton) : temps durant lequel le phénomène doit subsister avant de déclencher une alarme ;• Le temps d’affichage (Toff) : temps durant lequel l’alarme continue à être affichée sur le moniteur après sa détection.Ces deux temps (Ton et Toff) doivent être indépendants pour chaque zone.
Par ailleurs, il faudra s’assurer qu’aucun véhicule en mouvement ne viendra cacher le véhicule arrêté. On parle souvent de « masquage » qu’il faut bien différencier du masque précédemment évoqué dans la définition des zones de détection. Ce masquage peut être obtenu par le passage d’un ou plusieurs camions devant le champ de la caméra. Ce phénomène sera notamment influencé par la typologie de l’ouvrage et la position de la caméra d’où l’importance de l’étude de couverture évoquée ci-avant.
La détection d’une congestion
Une congestion est la combinaison d’une vitesse lente et d’un taux d’occupation élevé. Quand les véhicules roulent à une vitesse en dessous d’un seuil de vitesse, et le taux d’occupation est lui aussi plus élevé qu’un seuil déterminé par l’utilisateur, c’est la congestion. Ce phénomène peut être traduit par la courbe combinant la vitesse en fonction du taux d'occupation, suivante :
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Il peut être utile de définir plusieurs niveaux de congestion, chacun correspondant à un seuil de vitesse (ex : 3 seuils de vitesses). Une alarme devra être générée pour chaque voie existante, ou pour chaque sens de circulation.
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Pour éviter des fausses alarmes, le système ne donnera une alarme qu’après avoir détecté une congestion pendant au moins X1 secondes. En tout état de cause, une type de détection ne génère pas réellement de fausse alarme, mais des alarmes « non –souhaitées ». Lors du paramétrage de l’installation, on définit deux temps paramétrables :
  • Le temps « d’affichage », X1,
  • Le temps « d’extinction », X2.
Les valeurs des temporisations X1 et X2 doivent être telles qu’elles forment un cycle d’hystérésis afin que l’alarme « Bouchon » ne clignote pas.
La détection des fumées
Cette détection présente la particularité d’être difficilement définissable car il n’y a pas de paramètre permettant de quantifier cette grandeur. En fait, dans l’esprit de la circulaire, le but rechercher est de détecter un incendie. Or, il n’existe pas à ce jour une grandeur physique précise pour le caractériser, on peut chercher à détecter :
  • Une flamme
  • Une élévation de température
  • Des fumées
Toutefois, le système doit être systématiquement prévu pour pouvoir détecter l’apparition de fumées «épaisses» au bout d’un certain temps paramétrable.