Théorie
*Généralités
*Domaine
d'application du Q-system
Généralités
A partir de l'analyse de plus de 200 cavités souterraines
(principalement des tunnels routiers et hydroélectriques), Barton, Lien
et Lunde du Norwegian Geotechnical Institute (NGI), ont proposé un indice
pour la détermination de la qualité d'un massif rocheux en vue du percement
d'un tunnel.
La valeur de ce coefficient Q est déterminé par 6 paramètres de la façon
suivante
( Hoek & Brown, 1980; Baroudi, 1988; Bouvard & al, 1988) :
|
-RQD
est le Rock Quality Designation de Deere.
-Jn est
l'expression du nombre de familles principales de discontinuités.
-Jr caractérise
la rugosité des faces des joints.
-Ja définit
le degré d'altération des joints (épaisseur dujoint et nature
du matériau de remplissage).
-Jw spécifie
les conditions hydrogéologiques : importance des venues d'eau
et pression.
-SRF
(Stress Reduction Factor) précise l'état des contraintes dans
le massif.
|
Barton & Al donnent les commentaires suivants, qui permettent d'expliquer
le regroupement des paramètres par paire:
-
1) Le premier rapport (RQD/Jn) représente la structure du massif
rocheux et est une mesure de la taille moyenne des blocs rocheux.
-
2) Le second rapport (Jr/la) représente la résistance au cisaillement
entre les blocs. Il est directement proportionnel à la rugosité
des faces des joints (élément favorable pour la stabilité du tunnel
car il en résulte une forte dilatance lors du cisaillement) et inversement
proportionnel à l'épaisseur du joint (élément pouvant être extrêmement
défavorabl'e car un remplissage en argile sera caractérisé par un
angle de frottement très faible).
-
3) Le troisième rapport (Jw/SRF) reprend deux paramètres de contraintes.
Jw est une mesure des pressions d'eau, qui agissent bien entendu
à l'encontre de la résistance au cisaillement des joints, suite
à une réduction de la contrainte normale effective; et SRF est une
mesure:
-du poids des terrains à soutenir lorsque le tunnel est creusé
dans un massif présentant des discontinuités.
-du champ des contraintes préexistantes dans le cas d'une roche
saine.
-de la charge induite par le fluage de roches plastiques.
Ce dernier rapport, difficile à évaluer, apparaît donc comme un
facteur empirique décrivant les "contraintes actives" dans le massif
rocheux.
L'indice Q peut varier de 0.001 à 1000. Les Q sont regroupés en 9
classes.Chaque classe correspond à une qualité de massif rocheux (cf.
tableau ci dessous).
Les classes de Q se représentent sur une échelle logarithmique.
Valeurs
|
Qualité du massif
|
400-1000 |
Exceptionnellement bonne |
100-400 |
Extrêmement bonne |
40-100 |
Très bonne |
10-40 |
Bonne |
4-10 |
Moyenne |
1-4 |
Mauvaise |
0,1-1 |
Très mauvaise |
0,01-0,1 |
Extrêmement mauvaise |
0,001-0,01 |
Exceptionnellement mauvaise |
Table 1: classification de la qualité de la roche
Contrairement à la classification de Bieniawski, le Q-system a connu
très peu de modifications depuis sa publication.
Les seuls changements ont eu lieu au niveau du paramètre SRF avec un
changement de valeur dans le cas de roches compétentes et sous de très
fortes contraintes.
Domaine d'application
du Q-system
*détermination
du mode de soutènement
*détermination
des efforts
*détermination
du mode de déformabilité du sol
*détermination
de la vitesse des ondes P
1.Détermination du mode
de soutènement
Afin de pouvoir relier leur "Tunnelling Quality Index" Q à des recommandations
de soutènement dans les ouvrages souterrains, Barton & al ont défini une
grandeur supplémentaire qu'ils appellent la dimension équivalente De de
l'excavation:
avec ESR (Excavation Support Ratio) étant un facteur dépendant de la finalité
de l'excavation, autrement dit, du degré de sécurité recherché pour la
stabilité. Des valeurs sont suggérées dans la table 2.
Type d'excavation
|
ESR
|
A.Ouvertures temporaires dans les mines |
3-5 |
B.Ouvertures permanentes dans les mines
Conduites forcées pour usines hydroélectriques
Galeries pilotes pour grandes excavations |
1.6 |
C.Chambres de stockage
Tunnels routiers et ferroviaires d'importance mineure
Tunnels d'accès
Cheminées d'équilibre |
1.3 |
D.Centrales électriques
Tunnels routiers et ferroviaires d'importance majeure
Abris souterrains
Têtes et intersections de galeries |
1.0 |
E.Centrales nucléaires souterraines
Aménagements sportifs et publics
Entreprises |
O.8 |
Table 2 : Excavation Support Ratio (ESR) pour divers types d'ouvrages
souterrains
[Barton & al, 1974]
Barton a proposé une relation empirique donnant la portée maximale (en
mètres) en deçà de laquelle la cavité peut rester stable sans soutènement:
Lorsque la portée d'une excavation excède la portée limite prédite par
l'équation ci-dessus, il est nécessaire d'installer un système de soutènement
en vue de maintenir le massif rocheux entourant l'excavation dans des
conditions acceptables de stabilité. En 1974, Barton, Lien et Lunde ont
proposé 38 catégories de support (à base de boulonnage, de béton projeté,
de revêtement en béton, ou de toute autre combinaison de ces types
de renforcement) en fonction des paramètres Q et de De.
Le graphique représentant les 38 classes de soutènement est représenté
ici .
On y retrouve également la zone stable sans soutènement délimitée par
l'équation 3. (voir).
Ces catégories sont déterminées à l'aide de la valeur de Q, et du quotient
De.
Les soutènements sont ensuite déterminés en fonction de la classe de soutènement
et à l'intérieur de cette classe à partir des valeurs de sous paramètres
comme (RQD/Jn), (Ja/Jr) et (De).
Les techniques de soutènement ont évolué depuis 1974. Au début les techniques
utilisées étaient le boulonnage local, le boulonnage systématique, le
béton projeté par voie sèche accompagné de treillis soudés, et du revêtement
en béton coffré.
Vers 1993 le graphique représentant les différentes classes de soutènements
a été modifié : les 38 classes ont été remplacées par des catégories plus
vastes, et les techniques nouvelles ont été introduites.
En effet, le béton projeté par voie humide et le béton projeté avec fibres
d'acier ont remplacé le béton projeté associé au treillis soudé existant.
Le boulonnage local, le boulonnage systématique et les revêtements en
béton coffré sont toujours utilisés.
2.Détermination des efforts
La valeur de l'indice Q est utilisée dans le calcul de la pression qui
s'exerce sur le soutènement. Au niveau de la voûte la pression s'exprime
de la façon suivante :
Cette équation peut être améliorée avec l'introduction du paramètre Jn
et l'équation (4) est remplacée par l'équation (5) :
On remarque que les équations (4) et (5) sont équivalentes
quand le massif rocheux présente 3 familles de discontinuités.
Quand il y a moins de trois familles de discontinuités l'équation (5)
donne une valeur inférieure à celle donnée par l'équation (4), et quand
il y a plus de trois familles de discontinuités c'est l'inverse.
Au niveau de la paroi, des observations ont montré que la pression qui
s'exerce sur le soutènement est égale au tiers de la pression qui s'exerce
au niveau de la voûte, en supposant un état de contrainte "normal" :
Un nouvel indice Qp est recalculé. Il correspond à l'indice
Q mais au niveau des piedroits et se nomme "Wall quality" ou "indice de
qualité au niveau des piédroits". La valeur de Qp se calcule à partir
de Q :
Pour obtenir la pression exercée sur le soutènement
au niveau des piedroits on introduit Qp dans les équations (4) et (5).
3.Détermination du module de déformabilité
du massif.
Le Q-system permet de calculer le module de déformabilité du massif.
Pour un même massif rocheux il existe trois valeurs de module de déformabilité
: un module minimum (Emin), un module maximum (Emax) et un module moyen
(Emoy).
Ces 3 modules peuvent être calculés à l'aide de l'indice Q:
Barton présente aussi la formule ci-après qui permet
de calculer Em à partir de l'espacement des discontinuités (S), de la
raideur normale des joints (Kn) et du module de déformabilité de la roche
intacte (Ei) :
La raideur normale des joints Kn est la pente de la droite n = f(Vn),
où n est la contrainte normale et Vn la déformation normale équivalente,
lors d'une essai de serrage.
Toutes les formules précédentes permettent de calculer Em dans le cas
d'excavation avec soutènement. Pour des excavations sans soutènement le
module de déformabilité est calculé à l'aide de la largeur de l'excavation
(SPAN) et du coefficient ESR
4.Détermination de la vitesse
des ondes P
Certaines personnes utilisent l'indice Q pour calculer la vitesse des
ondes P. (cf. référence bibliographique 4)
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